lundi 23 octobre 2017

Travail et ennui

Après des mois de galère, je retravaille enfin au moment où j'ai le plus cruellement besoin d'argent, mes efforts ont enfin été récompensés (enfin, on en parlera quand je toucherai ma paie parce qu'en attendant, je me saigne un peu financièrement pour ce boulot, histoire de ne pas manger que des pâtes le midi). C'est cool, l'équipe est sympa globalement, l'environnement aussi. Le rêve.


Mais voilà, au bout de quelques temps, il arrive avec ses gros sabots. L'ennui. Je compte les heures tous les jours tant je m'emm... . Pas toujours, hein, ça dépend de ce qu'on me fait faire. Les tâches répétitives, ça m'amuse deux minutes sauf si je peux rêvasser à ma guise mais là, je dois y accorder un peu trop d'attention pour m'évader comme je le voudrais. C'est ce que j'appelle "un boulot bâtard": je ne m'y épanouis pas comme je le voudrais mais je ne m'y sens pas mal/étouffée/ je ne compte pas les jours comme certaines fois.


Du coup, je m'interroge sur ma capacité à exercer un travail normal. Comment font les gens à la fin? Se disent-ils que c'est normal? Feignent-ils de ne rien voir? Suis-je exigeante? Je ne sais pas...

mercredi 4 octobre 2017

Souriez, des fois que vous seriez filmés!

En ce moment, les gens en général sont insupportables. Ils sont stressés, énervés, pas sympas, agressifs et impolis. Sauf que je suis fatiguée en ce moment et triste aussi (un peu, vu que ma vie stagne sur tous les plans sauf sur le plan personnel. J'ai beau essayer de mille façons, rien ne change et je suis fatiguée de lutter). Oui, c'est la merde, oui, la vie n'est pas toujours facile, mais inutile d'en rajouter non??

Depuis cet été, j'ai envie de sortir et de voir des gens mais je suis pauvre entre ma voiture qui a fait des siennes et le boulot avorté au tout début de l'été donc trop tard pour les emplois d'été. Le temps a été gris, je me suis promenée dans le quartier de plus en plus loin mais voilà, il n'y a rien pour se balader, hormis des rues (avec de belles maisons, c'est sympa, je l'admets mais moi, j'ai besoin de vert. Il y a bien un parc, je peux y aller à pied si j'ai beaucoup de temps devant moi, c'est toujours ça). Je n'ai même pas les moyens de me payer un verre, c'est dire. Et je galère juste pour manger. Et mon banquier est un con fini qui n'a visiblement jamais connu de passes difficiles alors que les précédents ont toujours été cools (là, il me harcèle parce que je suis à découvert en fin de mois. Oui, mon chou mais je suis au RSA, la caf a trouvé le moyen de me trouver une retenue de 30 € deux mois durant malgré mes deux courriers demandant une remise (parce que je ne pouvais pas et que je voudrais bien savoir d'où ils la tirent) et il y a mes réparations de voiture à éponger.). Les autres m'ont toujours fait confiance et c'était mine de rien, une grosse pression en moins. Ils voyaient bien que je serre le budget (parce que manger pour 12 ou 15 € par semaine (et pas que manger d'ailleurs), ça demande rigueur et abnégation)), mais pour lui ce n'est pas assez. J'avoue que ces derniers temps, j'en viens à considérer les gens en CDI à temps complet comme des nantis si ce boulot leur plaît. C'est une chance inestimable qui se fait de plus en plus rare parce que c'est la merde sur le plan de la recherche d'emploi. C'est de pire en pire en admettant que ce soit possible et je suis lasse des employeurs qui nous considèrent comme de la merde. Ne pas donner de nouvelles après un entretien, ça me rend folle, je trouve cela tellement impoli! (si dans x temps, vous n'avez pas de nouvelles, c'est que c'est négatif). Oui, tu peux remplir une liste de diffusion et envoyer un email collectif une fois l'heureux élu déterminé, non?? Ca prend une minute par candidat, c'est sûr mais comme tu envoies une confirmation d'entretien par email l'ajouter à une "liste de diff", ce n'est pas le Pérou, non??

Bref, c'est la merde! Mais justement, je le sais et j'essaie de ne pas "charger" les autres avec ma mauvaise humeur. Si je suis au fond du trou, j'évite d'entrer en communication avec les gens et si je le fais, je prends sur moi pour expliquer que je ne vais pas bien ou je m'oblige à sourire et me montrer aussi chaleureuse que je peux. Mais les gens ne le font pas, ils "chargent" les autres sans même s'en rendre compte. Je sais que des fois, ça déborde, on ne peut juste pas endiguer le flot mais en ce moment, quand je prends le bus, étant moi-même plus fragile en ce moment donc plus sensible, j'absorbe ces ondes négatives et ça me charge encore plus émotionnellement. Je hais un peu mon hypersensibilité et mon empathie en ce moment, j'avoue. Parce que pour me défendre, j'aurais tendance à devenir méchante avec les gens et je prends les devants, j'évite de communiquer avec les autres, ils ne sont pas responsables de mes états d'âme.

Mais ce n'est pas parce qu'on va mal qu'il faut se fermer. L'autre jour, j'ai croisé M très brièvement. Je ne l'avais pas vue depuis longtemps vu que je ne sors pas (je suis pauvre, ma vie sociale est réduite à peau de chagrin) et ça m'a fait du bien. Et j'ai eu la bonne attitude, j'ai évoqué durant 20 secondes que c'était la merde sans entrer dans les détails en disant que je fais le dos rond en attendant que la roue tourne et j'ai demandé de ses nouvelles qui sont bonnes en ce moment. Ca m'a aidée à recharger mes batteries un peu en tous cas sans la vampiriser non plus.

Donc chers gens, quand vous allez mal, si vous vous retrouvez face à une autre personne qui va mal, souriez en vous forçant et si vous croisez une connaissance parlez de ce qui va bien dans sa vie au lieu d'exposer vos malheurs (sauf si c'est trop dur) et profitez des petits bonheurs quotidiens (oui, il fait beau, il ne pleut pas et je n'ai pas mis de pull à col roulé mais une veste et un gilet (pardon, un cardigan) légers, ça compte. Beaucoup même. Ce sont des petites choses qui mises bout à bout aident à se relever quand on rampe dans les situations difficiles. Et surtout se fermer au négatif, même le plus minime surtout quand on est comme moi, une éponge à émotion (donc éviter au maximum les parents toxiques pour qui on est une sous-merde si on ne bosse pas). Même s'il faut s'effondrer pour pouvoir le faire et l'accepter. J'ai pleuré en pleine rue alors que je m'étais forcée à sortir il y a quelques jours. Bien sûr, personne n'est venu vers moi, on m'a regardée et c'est tout, pas un sourire, rien. Un simple sourire m'aurait fait le plus grand bien alors en rentrant je me suis vengée sur la quantité de thé. J'en ai bu deux théières.


Un sourire.

tiré du recueil Le Livre d'amour (1920)
(qui est un très joli recueil de textes soit dit en passant. J'en ai eu un exemplaire mais je ne sais pas où il est...).

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup,
Il enrichit celui qui le reçoit sans appauvrir celui qui le donne,
Il ne dure qu'un instant, mais son souvenir est parfois éternel,
Personne n'est assez riche pour s'en passer,
Personne n'est assez pauvre pour ne pas le mériter,
Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires,
Il est le signe sensible de l'amitié,
Un sourire donne du repos à l'être fatigué,
Donne du courage au plus découragé
Il ne peut ni s'acheter, ni se prêter, ni se voler,
Car c'est une chose qui n'a de valeur qu'à partir du moment où il se donne.
Et si toutefois, vous rencontrez quelqu'un qui ne sait plus sourire,
Soyez généreux donnez-lui le vôtre,
Car nul n'a autant besoin d'un sourire
Que celui qui ne peut en donner aux autres.

Raoul Follereau
(1903-1977)