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dimanche 12 juillet 2020

Reprendre le fil...


Je n'arrive pas à écrire. J'ai des récits sur le feu mais depuis des semaines, je ne parviens pas à les continuer. Dieu sait que j'aime mes personnages. J'ai envie de les faire naître, tomber amoureux, les frapper, les tuer même, les faire pleurer.

Pourtant, ils attendent. Mon chouchou que j'aime d'amour et que je serais si triste de quitter, que j'ai eu tant de mal à tuer m'acompagne depuis deux ans et demie, j'ai écrit deux tomes et demie (même si le demi tome écrit va devoir passer à la débroussailleuse car ce n'est pas ce que j'ambitionne pour lui, il mérite tellement mieux) sur trois. La publication est entamée et il doit sortir de l'ombre, grandir encore un peu pour que je l'amène où son destin doit le mener.

Parce que la pandémie et le confinement sont passés par là. Parce qu'il fait chaud et que je dors mal depuis quelques semaines. Parce que les gens sont anxiogènes en ce moment; les gens, il n'y a pas que le covid dans la vie. Vu? Lisez des livres, allez vous promener, regardez des films ou faites ce que vous voulez.

Aujourd'hui, j'ai écrit, écrit, écrit sur tous les sujets possibles et imaginables. Ici, ailleurs, fait des défis d'écriture, sorti mon journal intime (et mon Dieu que c'est casse-pied de compter les mots un par un quand on écrit à la main, j'y ai passé plus de temps qu'à écrire sur je ne sais plus quoi, j'ai dû raconter ma journée, je crois).

Je n'arrive plus à produire des choses sur le plan artistique, mon violon m'appelle depuis son étui, mon carnet de notes attend que l'ouvre pour écrire les histoires qui attendent. Je crois que je fais une sorte de burn-out artistique, un épuisement créatif.

Ca tombe très mal, en plein nanowrimo, c'est vraiment la tuile. Par chance, j'ai pris le souci à bras le corps avant que le mois ne passe. Il est plus facile de rattrapper son retard le 8 d'un mois de 31 jours que d'attendre le 20 pour s'y mettre.

Est-ce que c'est du temps perdu? C'est un peu dommage mais pas forcément. J'ai pu me remettre dans les sujets d'écriture que je délaisse en temps normal, parfois les sujets sont vraiment bateau à croire qu'ils prennent une phrase au hasard en ajoutant quelques contraintes, histoire de dire. Mais parfois, c'est vraiment intéressant de sortir des sentiers battus. J'y pense rarement, je participe rarement parce que je les oublie un peu et que souvent, je m'y prends trop tard mais comme j'écris pour affiner mon écriture et pas pour gagner, ça n'a guère d'importance.

Alors, je triche, j'écris à côté, j'écris pour écrire. Mais même si je devais écrire dix mille mots pour "rien", ils n'auront pas été vains. J'aurais écrit des textes que je n'aurais pas écrits en temps normal, rempli mon blog que je délaisse honteusement parce que les gros projets prennent vraiment toute la place dans ma tête et dans mon disque dur. Je me suis souvenu que j'avais des récits commencés qui ne demandent qu'à être un peu repris, corrigés et publiés voire mis de côté pour voir si je peux en tirer une version étoffée dans quelques temps, quand j'aurais eu le temps de me poser un peu.

L'inspiration s'est tarie, elle a besoin de respirer, de palpiter en mon sein pour s'épanouir pleinement. Mes personnages ont besoin de grandir un peu pour s'exprimer comme ils le demandent, en ont besoin et le méritent. Peut-être même que de vieux personnages viendront toquer à la porte de mon cerveau en disant "j'ai encore des choses à dire, écoute-moi". Je n'ai pas pu nourrir mon imagination comme elle en avait besoin alors les récits butent sur mon crâne, ils tournent en un ballet qui finit par m'épuiser et ils envahissent mes rêves parce qu'ils ont besoin de sortir mais une part de moi n'est pas encore prête à me replonger corps et âmes dans les méandres de mes récits. Ca m'est déjà arrivé, en général, c'est qu'un changement qui va modifier tout le récit et parfois m'obliger à revenir en arrière arrive; parfois, ce n'est qu'une scène sans la moindre importance qui me tient à cœur sur le plan personnel. En temps normal, cela ne me dérange pas de leur laisser du temps mais c'est le nanowrimo et c'est important pour moi de réussir ce défi. Parce que depuis des années que je m'y colle trois mois par an, je ne l'ai jamais raté, pas une seule fois même si c'est dans le sang et les larmes en écrivant des textes bons à partir à la poubelle.

Alors, je vais attendre le bon moment et m'y replonger corps et âme. En une semaine, je peux faire beaucoup, ça peut suffire à boucler un chapitre ou avancer un récit, écrire une nouvelle qui a attendu trop longtemps dans mon carnet.

Mais je dois écrire quand même, même si je choisis des défis d'écriture stupides (et certains ont donné naissance à quelques-unes de mes nouvelles les plus réussies). En écriture, rien n'est jamais perdu, jamais. Même si ça demande du travail derrière. Alors même dans les passages à vide, il ne faut pas lâcher ses passions, jamais. Je n'arrive pas à toucher mon violon mais je note les jours sans le toucher, je me ferai de grosses sessions lorsque j'aurais la tête à ça, ce n'est pas grave, ce n'est pas perdu, ça apprend à travailler de manière efficace et un peu sous pression. A se laisser porter par son instinct.

Ecrire, écrire tous les jours ou essayer. Ces derniers temps, j'ouvrais mon traitement texte et j'attendais que les mots viennent. Mais rien ne venait alors, tant pis, je fermais tout mais j'avais essayé, j'avais réfléchi à mes récits, je m'étais souvenue qu'ils étaient là, en attente. Je sais que je vais les finir, avec quelques mois de retard peut-être mais j'ai confiance.

Ecrire fait partie de moi comme l'imagination, remodeler le monde et y mettre de la magie. Créer des mondes, des personnages, vivre des aventures que je ne vivrais jamais dans la réalité (et heureusement, je ne ferai pas une très bonne aventurière même si les héros ont rarement le choix). Ecrire, jouer avec les mots, les sons, les émotions, les sensations même si ça n'a pas de sens, même si c'est pour rien, même si ça finit dans les tréfonds de mon disque dur, même si personne ne lira jamais ces mots. C'est le métier que j'ai choisi, pas rémunéré ou si peu (car je vends quelques livres par an quand même), mais il a du sens. Il me permet de supporter les emplois sans intérêt et mal payés. Un métier où je me forme en autodidacte mais c'est ce qui me convient le mieux de toutes manières. Un métier pas si solitaire que ça même si c'est beaucoup de virtuel (mais j'ai trouvé des gens avec qui nanoter ce mois-ci même si c'est timide et que la productivité est plutôt mauvaise, soyons tout à fait honnêtes. On parle plus que l'on écrit mais ce n'est pas grave, ça fait du bien).

Alors tant pis, tant pis si je triche, si j'écris des articles de blog sans intérêt, que je raconte ma journée sur une feuille de brouillon qui part à la poubelle où je galère à compter les mots à la main. La vie est un jeu et jouer avec les mots est un jeu merveilleux.

dimanche 12 août 2018

Kapibook s'effondre? Vers un nouveau modèle?

https://kapibook.com/2018/07/14/kapibook-creuse-sa-tombe/

Je suis tombée par hasard sur cet article qui m'a mise hors de moi. Des gens se plaignent de voir un site qui propose gratuitement des livres d'auteurs vivants fermer.

Extrait du communiqué
"Je comprends qu’écrire des livre n’est pas toujours le métier le plus payant. Toutefois, si j’étais un auteur, je n’écrirais pas pour l’argent. Lorsqu’on écris un livre, on espère que le plus de gens possible le lisent. Le simple fait qu’une autre personne consacre une partie de son temps a lire ton histoire devrait déjà être un accomplissement. Sans oublier que beaucoup de grands succès d’aujourd’hui doivent leurs succès grâce aux bouches à oreilles. De plus, ce n’est pas parce qu’une personne ne trouve pas un livre en ligne qu’il va nécessairement l’acheter. Nous n’avons pas toujours les moyens de se payer des livres. Les auteurs sont énervés, mais ils ne se doutent pas qu’ils ont gagnés plein de nouveaux fans grâce à notre bibliothèque virtuelle. Si tu es un auteur qui écris que pour l’argent, ne te demande pas pourquoi tu n’arrive pas à percer… S’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que le succès viens seulement avec la passion."

Non, écrire des livres n'est pas payant du tout (je commence tout juste à me pencher dessus et oulala). J'ai publié un livre et j'ai gagné 10 € par an (je crois) que j'ai déclarés au titre des droits d'auteurs donc qui compte dans les impôts. C'était un cri du cœur, un premier essai. On peut dire que niveau correction, ce n'était pas trop ça. Je me penche sur de la vraie publication sérieuse et ce sont au moins trois passes de corrections approfondies (phrase à phrase, mot à mot) à prévoir. Sur un livre à 7 € acheté dans le commerce, l'auteur gagne moins de 10 % donc moins de 70 centimes dessus (avant impôt). http://www.editions-humanis.com/combien-gagne-auteur.php
Pour cent livres vendus, il gagnera 7 €. Même s'il en vend cent mille, ça ne pèse pas lourd (et il sera imposé dessus en plus).

Parce que l'auteur, il doit manger, il doit payer son loyer, il doit souvent travailler à temps plein (et honnêtement pour pouvoir écrire, il faudrait travailler au maximum à mi-temps sans avoir trop de temps de trajet), avoir une vie familiale et sociale, des loisirs, lire et en plus, écrire. Sauf que pour écrire (sauf à avoir une scène très précise en tête) si on travaille moins de deux heures d'affilée, ça ne sert à rien, on n'avance pas vraiment. En tous cas, en ce qui me concerne. Donc ça veut dire écrire le soir une fois les enfants couchés et écrire en regardant le film du coin de l'œil tout en discutant avec son conjoint et aller au lit à 23 h passées au mieux pour se lever à 6 h le lendemain. Et écrire le midi ou corriger un bout de texte ou noter des idées en mangeant et en discutant avec les collègues. Et se lever tôt le week-end pour écrire et profiter de sa famille.

Ecrire, je vous l'apprends c'est un travail permanent. Mon carnet sort dix fois par jours pour noter une idée, une amélioration à apporter, un mot de vocabulaire, un joli prénom ou une nouvelle idée de romans ou de nouvelles.

Ecrire? Oh non, il faut écrire, corriger, faire la mise en page si on s'autoédite, gérer la communication, parfois aller sur des salons (avec les frais qu'on imagine). Et comme les projets s'enchaînent si on est prolifique, ça veut dire un boulot à temps plein, une famille, un livre qui grossit à l'état de notes et de premier jet, un livre en cours d'écriture et un livre en cours de correction (il faut trois fois plus de temps pour corriger une page que pour l'écrire en ayant tout en tête, c'est au moins une heure de correction par page ou une demi-heure sur un récit avec une correction minimale).
C'est aussi un ordinateur portable, un logiciel de traque des répétitions et des heures de recherche en tout genre (une donnée précise, un prénom, une plante, des synonymes...). Non rémunéré! Le livre ne sera peut-être pas publiable ou jamais terminé, un souci de disque dur malgré les copies de sauvegarde peut mener à un abandon, le livre ne trouve pas preneur et l'auteur le laisse prendre la poussière au fond d'un tiroir ou d'un disque dur. Pour une histoire de quinze chapitres assez courts, je compte bien 300 à 400 heures de travail entre les relectures, les recherches et le reste.

300 heures de travail à 70 centimes, ça fait 0,25 centimes de l'heure. On ne peut pas dire qu'un auteur lambda travaille pour l'argent. Bien sûr, il connaîtra peut-être un succès fulgurant et deviendra riche mais ça reste pas cher payé.

Et vous, chers utilisateurs, travailleriez vous pour 70 centimes de l'heure?? Peut-être qu'un nouveau système émergera qui permettra de rémunérer enfin correctement les auteurs et de permettre au numérique de devenir abordable. Et Kapibook peut avoir son rôle à jouer dedans tout en devenant légal et assurant sa survie. Mais il faut en premier lieu que les utilisateurs comprennent qu'écrire, c'est un travail à temps plein réel.
Je laisse la parole à Stephen King sur ce point:
"Le but de l'écriture n'est pas de faire de l'argent, de devenir célèbre, de décrocher des rendez-vous, s'envoyer en l'air ou se faire des amis. Finalement, il s'agit d'enrichir les vies de ceux qui liront votre oeuvre, et d'enrichir aussi votre propre vie... J' ai écrit pour la simple joie de la chose. Et si vous le faites pour la joie, vous pouvez le faire pour toujours."
Stephen King qui écrit dix pages par jour même le dimanche, même les jours fériés (et croyez-moi, c'est long à écrire).