samedi 27 avril 2019

Notre-Dame, bilan des gilets jaunes, le travail aujourd'hui

  L'incendie à Notre-Dame m'a écoeurée. Je me suis retrouvée à chercher comment allumer ma télévision, que je ne regarde jamais, pour rester en larmes devant à regarder notre patrimoine partir en fumée. Puis j'ai été écoeurée de la réaction des gens autour de moi "on reconstruira". Oui, mais ce qui a été détruit dans l'incendie ne renaîtra pas de ses cendres. Et quand je vois les projets de reconstruction, j'ai envie de vomir. Parce que Macron a décidé de la rebâtir en cinq ans (pourquoi? Il n'a jamais appris à l'école que construire une cathédrale prend du temps?), ils vont certainement faire un "truc immonde" en béton, verre ou je ne sais quoi qui ne tiendra pas dans le temps. Tant pis s'il faut des dizaines d'année pour la restaurer dans un style gothique et plus joli que ce qu'à fait Viollet-le-duc qui fait hurler tous les gens qui travaillent dans le patrimoine autour de moi, visiblement, ce n'était pas ça mais je ne saurais dire.
Ce qui m'a écoeuré, c'est la réaction des gens. On trouve des milliards pour Notre-Dame et rien pour les migrants, les gilets jaunes. Les migrants, je ne vais pas dire ce que j'en pense, ça vaut mieux; les gilets jaunes, je comprends mieux mais pour moi, ce n'est pas pareil. Ces milliards ce sont des dons bénévoles donc et chacune est encore, je crois libre de donner à qui il veut. Moi-même, j'ai donné ce que je pouvais parce c'est quelque chose de plus grand que nous, notre patrimoine, notre histoire. L'histoire de la France, le sacrifice de ces bâtisseurs de cathédrale qui ont mis des années à les construire sans congés payés, loin de leur famille sans nul doute, sans réelle protection en cas d'accident (j'imagine) et mal payés. Mais ils l'ont fait pour un Dieu en qui ils croyaient certes mais aussi pour la grandeur de leur pays et parce que l'art (le vrai, pas l'art contemporain et l'art actuel qui n'a pas grand intérêt à mes yeux, j'en suis désolée mais il manque quelque chose, de la technique, une âme) c'est ce qui fait que l'homme est humain, ça élève l'homme et c'est une des choses qui nous font dire que nous n'avons pas vécu notre courte vie en vain. L'art, c'est ce qui restera après nous, ce dont les générations futures se souviendront. Et oui, c'est plus grand que le reste.

  Le bilan des gilets jaunes. J'ai envie de dire, tout ça pour ça et que c'était couru d'avance. Des mesurettes qui ne concernent que quelques élus mais pas de changements de fond. Le problème que moi, je vois, c'est qu'il y a et qu'il y aura de moins en moins de travail en France, que les salariés sont de plus en plus traités comme de la m... corvéable à merci par les patrons qui ont le choix pour les remplacer vu le chômage en France.

  De toutes manières, on ne va pas se mentir, les conditions de travail se dégradent. J'ai une vision humaniste du travail, un travail bien fait même s'il n'est pas passionant parce qu'il sert toujours à quelqu'un pour répondre à un besoin ou une envie. Et qu'au bout de la chaîne, ça redonnera peut-être le sourire à quelqu'un même quelques fugaces secondes.
Mais je crois aussi que tout travail mérite salaire et c'est là que le bât blesse. Le travail ne paie pas.
Un smic net, c'est 1 150 € (en 2019, c'est 1 200 € mais je n'ai pas eu la chance de travailler ces derniers mois). Le rsa, 550 € (sérieusement?? J'aurais dit 100 € de moins mais bon).
Mon dernier travail, je partais à 7 h du matin, je rentrais à 19 h 30. Soit 12 h 30 consacrées à mon travail par jour, cinq jours par semaine soit 62 h 30 par semaine. Sur une journée de 24 h, je dors 7 h-7h 30, on va dire 7 h 15. On calcule, 7h 15+ 12h 30= 19 h 45. Sur 24 h, il me restait donc 4 h 15 pour ma "vraie vie". 1 h 30 de musique, 2 h d'écriture, 1 heure 30 de ménage/vaisselle/courses et... non, ça ne passe pas! Elle est où ma vie, me l'aurait-on volée??
Conditions de travail dont j'ai déjà parlé, ambiance de m..., ennui profond, besoins relationnels non comblés. Mais il reste le we! Oui, mais je rattrappais mon sommeil et je faisais mes courses le samedi matin; le dimanche matin, l'administratif et le ménage. Il me restait une grosse journée pour vivre ce que je n'avais le temps de vivre la semaine.Combien de fois me suis-je demandé "C'est ça ma vie??". Non, je suis désolée mais non.

  Donc oui, de plus en plus, je préfère être au RSA, libre de mes mouvements, pauvre sur le plan financier mais riche dans mon coeur, dans ma tête avec de l'or au bout des doigts. Le problème, ce n'est pas le pouvoir d'achat! Ce sont les conditions de travail, le fait que le travail ne paie pas suffisamment en regard de la façon dont on traite les salariés, des gains de productivité (voir le site de l'OCDE, ça pose question) et le fait que tout augmente (l'électricité et le gaz deviennent un luxe, les loyers sont chers alors que ce sont des dépenses de base). Avant, au smic, j'étais riche; aujourd'hui, ça améliore tout juste l'ordinaire.

  Je suis une humaniste et le problème, c'est que notre société ne l'est pas. Les gens deviennent des biens de consommation, jetables et dont on ne fait pas grand cas. Récemment, un ex m'a rappelée, on s'est vus, ça s'est bien passé. Bref, on devait se revoir, j'ai fini par envoyer quelques messages après un bon mois et je n'ai jamais eu de réponse. Je ne comprends pas, si je veux envoyer paître quelqu'un, je le fais, on s'explique et on n'en parle plus. C'est le même problème avec les recruteurs qui ne répondent même plus aux demandeurs d'emploi. J'ai repris les candidatures spontanées par email dernièrement, je n'ai pas eu une seule réponse. Si on méprise les salariés, qu'on les maltraite et qu'en plus, on les paie mal, pourquoi s'étonner que ça "pète"??

  Et les réponses du gouvernement ne sont pas à la hauteur, ils vivent dans leur tour d'ivoire, hors sol, dans un autre monde. Bref, je ne vois plus d'espoir en ce monde, j'ai perdu la foi, je crois. Et quand je vois la réforme des retraites qui arrive, je me dis que quoi que je fasse, je n'aurais jamais toutes mes annuités, c'est mort vu mon âge, l'âge où j'ai eu mon diplôme déjà de base, il ne fallait pas y songer; le fait que travailler devient un luxe inaccessible réservé à quelques privilégiés. Alors à quoi bon puisque j'aurais comme tant d'autre le minimum vieillesse.