mercredi 28 février 2018

Rêves d'enfant La musique en autodidacte

  Je viens de réaliser mon dernier rêve d'enfant (autre qu'avoir un chat, un travail intéressant et un amoureux, les deux premiers ne sont pas possible sans un Centre de Documentation et d'Information (comment, un C.D.I. ce n'est pas ça??). Choses que je tente d'atteindre depuis près de dix ans sans succès).

  Je ne viens pas d'une famille de musiciens mais j'ai fait de la danse depuis mon enfance et même si mes parents n'écoutaient pas particulièrement de musique, ça arrivait régulièrement, notamment en voiture. Je vis un peu de la musique vissée sur les oreilles dès que je sors (même si je sais que ce n'est pas bon) ou quand je conduis. J'en écoute peu parce que j'ai vite remarqué qu'il est plus long d'allumer mon poste radio, prendre un cd, l'insérer, attendre que ça démarre que de l'écouter dans ma tête. Je parle d'une époque sans mp3 qui permet de choisir la prochaine chanson avant la fin de la chanson en cours si on s'y prend bien de façon à n'avoir qu'à faire ok pour qu'elle démarre, d'une époque avec seulement trois cd en écoute et à chaque fois un temps de chargement. Sans compter qu'il faut le remplir à chaque fois et ranger les cd. 

J'aime beaucoup d'instruments: harpe, piano, violon, biniou, bombarde, clavecin et il me semble ne pas en oublier. Mais mes coups de cœur allaient au piano et au violon.

J'ai eu un orgue électronique chez mes parents mais nous n'avions pas trop le droit d'y toucher et mes parents en jouaient rarement. Sans oublier l'ignoble flûte à bec en plastique du collège. Je crois que c'est l'impossibilité d'en tirer un son correct avec mes petits doigts bien trop fins que je devais écraser pour boucher les trous (et la qualité relative de l'instrument en question) qui m'ont un peu dégoûtée et bien que motivée au départ, je me suis il me semble assez vite désintéressée de la chose. Donc je n'ai pas trop travaillé mes morceaux ou vaguement et comme lors du déchiffrage en classe, je retenais généralement la suite de notes, je n'ai jamais trop déchiffré une partition sauf pour noter discrètement les notes sous les lignes.  Je révisais mes morceaux chez moi en vérifiant juste si c'était le do ou le si aiguë ou grave sur la partition et si la mélodie ressemblait vaguement à ce que j'en avais retenu du cours. (parce que sortir une mélode acceptable sur une flûte à bec en plastique, je rigole (surtout quand on a les doigts trop fins pour vraiment boucher les trous)). Bref, ça m'a dégoûtée et j'ai abandonné l'idée qui est restée dans un coin.

L'envie est revenue à plus de 25 ans, lorsque j'ai découvert les fora et un forum en particulier sur lequel le sujet de la musique était à l'époque relativement actif car plusieurs musiciens (passionnés pour certains) y parlaient musique. Je suivais de loin ce sujet avec un vif intérêt mais ça me semblait un rêve inaccessible. On a tous entendu dire qu'il faut commencer la musique tôt/travailler dur/prendre des cours/que ça coûte cher. Et quand on ne sait pas lire les notes (j'en savais la moitié en gros au collège et je n'ai jamais poursuivi l'apprentissage), ça me semblait inaccessible. Ca restait un projet pour "plus tard".

Les années passaient, je restais toujours mon baladeur vissé à mes oreilles dès que je sortais et je lorgnais toujours le sujet sur ce forum. Et puis, j'ai commencé à travailler et j'ai fait une liste mentale de ce que je voulais faire: partir en vacances, écrire un livre, reprendre le dessin, jouer du piano et du violon, faire de la danse orientale/indienne... Peu à peu, je les ai rayées malgré un budget restreint. Pour information, il y a des tas de choses sur internet, ça demande pas mal de temps de recherche au début mais ensuite, on peut faire plein de choses seul; c'est comme ça que j'ai appris la danse orientale, enfin effleuré pour être honnête mais ça m'a suffi. Pour le dessin, une cinquantaine d'euro de matériel et un livre sur le dessin/aquarelle a fait l'affaire. J'ai suivi des cours de danse étant jeune, même si ça n'avait rien à voir, ça aide à ne pas me faire mal et j'ai fait un peu de dessin en ateliers étant petite.

J'ai donc fini par franchir la porte d'un magasin de musique pour ressortir avec un piano électronique puis j'ai acheté deux méthodes et les accessoires sur internet (support, casque confortable et de bonne qualité (il m'a coûté cher mais c'est un investissement important à ne pas négliger), sans oublier une multiprise supplémentaire).

Quelques conseils issus de mon expérience:
- prendre deux méthodes pour d'une part, avoir deux approches et des exercices variés qu'on peut choisir selon l'humeur et d'autre part, pouvoir avoir une explication différente d'une même notion
- jouer TOUS LES JOURS sans exception. Si je suis fatiguée/je n'ai pas le temps, je joue un morceau simplissime ou deux mais c'est mieux que rien. Si vraiment j'ai la flemme, je regarde une vidéo sur une chaîne que j'aime bien (j'ai beaucoup appris sur internet, il y a de très bonnes chaînes Youtube, ce n'est pas une perte de temps que de passer une après-midi à chercher une chaîne qui nous plaît, dont la méthode nous correspond et avec une personne qui nous semble sympathique). Et si je n'y arrive pas, je ne fais rien, ce n'est pas non plus la fin du monde. Mais au début, il est important d'être assidu.
- se faire plaisir!! Mon rêve, c'était La lettre à Elise, sauf que quand j'ai vu la partition, j'ai fait la tête, ça me semblait trop compliqué (alors que je l'ai jouée au bout de six mois environ). Il existe des versions simplifiées des partitions, il ne faut pas hésiter. En plus, ça permet de préparer le travail quand on passe à la vraie partition.  
- ne pas rester collé à la méthode même au début: il existe des partitions très très simples, il ne faut pas hésiter à essayer de s'y mettre même si on n'a pas fini les premières leçons de la méthode. Au pire, ce n'est pas un travail perdu (du déchiffrage de partition par exemple), ça rendra le travail plus facile le moment venu. Par contre, je pense que ça m'a aidé de lire attentivement les méthodes au tout début en intégralité. De même, les exercices où je devais répéter toujours les mêmes choses au tout début me barbaient royalement, rien n'empêche de jeter un coup d'œil à l'exercice suivant qui reprend le même principe et les mélanger pour trouver de l'intérêt à la chose.
- écouter les morceaux, nous avons la chance de pouvoir écouter les morceaux vu que nous avons un outil merveilleux: internet! Plusieurs fois pour se mettre la mélodie dans l'oreille.
- ne pas hésiter avant d'aborder un instrument à lire sur le sujet (déjà ça permet de mieux le connaître, d'observer les gestes sur les vidéos et de démarrer avec des connaissances et surtout ça permet d'effacer la peur quand on débute). J'avais tellement hâte de m'y mettre que je m'y suis mise de suite sans réfléchir ou rester trois jours à regarder mon piano électronique dans le blanc des touches yeux qui est le meilleur moyen de ne jamais s'y mettre.
- commencer par ce que l'on connaît au tout début. J'ai repris quelques partitions que je me souvenais avoir travaillé à la flûte au collège: des mélodies basiques mais ça aide vu que le déchiffrage des notes était à moitié fait.
- si comme moi, on a du mal à lire les notes: se faire une partition et noter les notes dessous pour avoir un pense-bête puis les recopier "bêtement" ai-je envie de dire sous la partition. Au fur et à mesure, je les ai retenues vu que j'y trouvais de l'intérêt et qu'elles s'appliquaient. De même, je me suis fait un guide sur mon piano électronique (au violon, ce ne sera pas possible) pour m'aider, je m'en détache de plus en plus mais ça m'aide parfois si je bloque.
- s'amuser si on en a marre: jouer n'importe quoi pour se défouler, utiliser les fonctions particulières un peu rigolotes (j'ai des cris d'animaux sur mon piano électronique, quand j'en ai assez, il m'arrive de jouer en mode hennissement ou aboiement).
- classer les partitions par niveau (je les ai classées en trois niveaux pour ma part un peu à vu d'œil au début en me basant sur le nombre de notes différentes utilisées (que je notais en haut au début), leur répétition et leur proximité (j'ai commencé par des partitions dans lesquelles les sons proches se suivaient: du genre, sol la si do).
- modifier la partition si c'est trop dur: au début, je n'arrivais pas à jouer les notes sous le sol grave de la partition. Dans ce cas, je jouais un do grave. Ou je jouais les croches comme des noires.
- se faire un pense-bête de solfège pour s'y retrouver rapidement au début, surtout quand on a un peu oublié tout ça 
- et si on est pauvre? On peut généralement payer en plusieurs fois. En boutique, on peut tenter de négocier et sur internet, il faut saisir l'occasion et ne pas hésiter à guetter la section promotions ou les soldes. Ou voir pour de l'occasion. Personnellement, je n'achèterai pas d'instrument sur eBay ou Aliexpress. Je prends de la qualité sans exagérer (et oui, on trouve des pianos électroniques qui vont jusqu'à 1 000 € tout comme les violons); comme je ne compte pas passer professionnelle, je prends les premiers prix corrects soit de l'entrée de gamme/milieu de gamme. Au pire, ça se revend d'occasion si je veux vraiment acheter du haut de gamme et si j'en vois l'utilité un jour (même si je doute que ça arrive). Dans le prix, j'inclus d'office les accessoires (notamment pour le violon: vérifier qu'il est vendu avec un étui, prévoir la colophane, prévoir qu'il faudra changer à un moment ou à un autre ou les cordes ou la mèche de l'archet. D'où l'intérêt de bien se renseigner avant pour l'entretien et la "maintenance" de l'instrument. Ce serait bête de découvrir ou se souvenir qu'il faut accorder un piano normal au moment de la livraison. Personnellement, je prends tout sur un site internet français (sauf le piano électronique qui vient d'un magasin spécialisé) et je suis attentive à l'origine du matériel.
- écouter son corps: si ça fait mal, c'est qu'il y a une raison! La posture n'est pas bonne, le clavier trop haut ou trop bas, les muscles crispés, il est temps de s'arrêter...
- et si on vit en appartement? Pour le piano électronique, j'ai acheté un bon casque si je veux jouer fort et sinon, je le mets très bas si je n'utilise pas de casque, ça suffit largement. J'ai pris un clavier à 61 touches au lieu de 88 mais ça suffit à mon usage. J'étais partie dans l'idée de changer si vraiment j'en ressens le besoin ce qui n'est pas le cas pour l'instant.
Pour le violon, c'est plus compliqué. J'ai trouvé un violon électro-acoustique avec casque (attention à la taille du violon: pour un adulte, c'est un 4/4) mais le casque ne sert à rien, la prise sert à brancher un amplificateur. Je vais donc devoir faire l'achat d'un violon électrique silencieux pour vraiment être tranquille mais au moins, j'aurai un vrai violon si je peux l'utiliser à moins que je ne trouve une sourdine adaptée. Finalement, la sourdine en caoutchouc convient si elle est bien plaquée contre le chevalet; de plus, je soupçonne ma colophane (livrée avec le violon) d'être particulièrement nullissime, mais forcément, ça limite la portée du son. Mais comme on ne peut pas toujours jouer à la sourdine, j'apprends à jouer sans trop tendre les cordes ni appuyer dessus, ça limite le bruit. En tous cas, concernant le casque ça vaut le coup d'y mettre le prix et d'aller l'acheter en boutique si possible pour se renseigner et trouver un modèle qu'on peut porter longtemps sans avoir mal.
- les puristes diront que oui mais apprendre sans prendre de cours, c'est le mal, blabla. Oui, je suis d'accord mais quand c'est trop cher, à mon sens, ça reste mieux que rien du tout. Personnellement, j'ai déjà beaucoup d'activités extra-professionnelles coûteuses en argent mais surtout en temps. J'ai trouvé des tarifs à 25-30 € de l'heure toutes les semaines sur 36 semaines, ça ferait du 900 € l'année. Ce n'est pas envisageable sauf à me priver de tous mes loisirs sur l'année (pas d'achat de livre/pas de cinéma/de sortie et encore ça dépend de mes rentrées d'argent, certaines années, je n'ai presque rien dépensé) et ça fait 100 € par mois, ça ne rentre pas dans mon budget si je suis au rsa et rien ne dit que je pourrai les avoir dans l'année. Je sais que je peux à peu près passer 40-50 € par mois dans l'année dans mon budget global annuel mais une centaine? Personnellement, entre apprendre par moi-même et ne jamais apprendre, mon choix est fait. Et je n'ai pas trop le temps, je sais que je manque pas mal de cours dans mes autres activités parce que je suis fatiguée/que mon emploi du temps ne correspond plus vu mon emploi du temps professionnel toujours aléatoire. Et je ne compte pas finir professionnelle, je veux surtout me faire plaisir.
- apprendre à faire les choses soi-même. Pour mon piano électronique, pas d'accordage à prévoir (ça compte dans le budget) mais pour le violon électrique, j'ai pris un accordeur (petit appareil pour vérifier si la note est juste) et je compte bien apprendre à le faire moi-même. Au pire, je me ferai aider si je n'y parviens pas mais je pense que ça doit pouvoir s'apprendre par soi-même.

Bref, c'est possible. Je ne dis pas que c'est la meilleure solution mais si c'est soit apprendre seul, soit ne jamais toucher son rêve du doigt, mon choix est fait. Même si le niveau ne sera sans doute jamais très élevé, ça me permet au moins de jouer mes morceaux préférés et je n'ai pas d'ambition plus élevée en matière de musique. Ce qui compte, c'est de me faire plaisir.