jeudi 19 avril 2018

Vivre à contre-courant

  Aujourd'hui, j'ai fait le deuil du CDI qui ne viendra jamais et de la bande d'amis que je n'aurais a priori jamais. Je ne désespère pas de trouver l'homme de ma vie et des amis potables. Dans ces conditions, pourquoi continuer à chercher du travail et sortir (seule)?

  Le travail? Il me sert surtout à financer le reste et il me reste quelques rêves à réaliser (prendre des vacances!!!! Et ça se chiffre au moins avec un nombre à trois chiffres; plus quelques livres, des réparations en attente et du renouvellement de matériel mais on va dire que j'ai acheté le gros des  choses en attente). Après, je rêve de ne plus trop compter en faisant les courses, d'acheter ce dont j'ai besoin et de manger ce qui me fait envie sans devoir choisir. Le travail n'est qu'un moyen d'avoir de l'argent, ce n'est pas dans mes valeurs mais concrètement, je n'ai plus besoin d'un C.D.I. à plein temps (en même temps, la vie ne veut pas me l'offrir, ça tombe presque bien). Un 28 heures hebdomadaires devrait suffire tout en me laissant du temps pour moi. Je ne peux plus aller de CDD en CDD, c'est sûr mais en attendant, je n'ai pas le choix. J'ai surtout besoin de temps pour moi et mes loisirs, c'est ça qui importe aujourd'hui. Avec le risque qu'au final, le chômage en devienne confortable (en même temps, je rappelle que je n'ai pas trop eu de chance, entre les emplois absurdes, ceux où je m'ennuie et les patrons fous ou ceux qui pratiquent le harcèlement moral ou sexuel). Heureusement, il reste le devoir, j'estime que puisque les autres me paient les moyens de ne pas dormir sous un pont et manger dans les poubelles, c'est une raison suffisante pour continuer de chercher (et si je continue de chercher, je peux continuer à espérer CQFD). Mais je fais le minimum vu que ça ne marche pas mieux autrement. Et j'avoue que ces derniers temps, j'ai été victime de gens qui font mal leur travail et qu'il faut harceler pour qu'ils fassent ce qu'ils sont supposés faire, je pense qu'ils détestent ce qu'ils font ou s'en fichent mais pour moi, ça revient au même et je ne veux pas finir comme ça.

  Sortir? Je suis un être humain et j'ai le droit à des loisirs sans rester cloîtrée chez moi, non? Je suis pauvre donc la question ne se pose pas vu mes récents déboires mais c'est une raison suffisante. L'orgueil parle,  mais tant pis.

  Au final, aujourd'hui, j'en suis rendue à chercher du travail pour financer mes loisirs ce qui suppose ne pas avoir besoin/envie de travailler beaucoup. Et je continue à sortir parce que j'estime avoir moi aussi le droit de m'amuser, ce n'est pas parce que je suis seule et pauvre que je dois rester terrée au fond de mon terrier appartement. Le dénominateur commun entre les deux? Les gens: égoïstes, méchants, pas ouverts d'esprit, qui jugent ceux qui sont différents. Et je deviens comme eux, contrairement à ma promesse. J'essaie de me raisonner mais c'est difficile. La fatigue et la déprime jouent contre cette envie de retrouver l'espoir et pour l'instant, j'arrive à faire une chose: ne pas passer mes nerfs sur les autres et les bombarder d'ondes négatives. Le reste finira par passer quand les choses iront mieux. Mon souci, c'est que j'arrive malgré des baisses de moral passagères, somme toute à m'épanouir suffisamment seule pour ne pas avoir envie de me casser la tête pour les autres. J'ai très égoïstement envie de les laisser entre eux dans leur m... et de les regarder d'en haut se déchirer et se faire des crocs-en-jambe en leur lançant mon sourire et ma bonne humeur à la figure.
"Soyez le changement que vous voulez dans le monde". Oh que oui, je vois exactement ce que je dois faire et ça pourrait même changer les choses mais pour ça, je dois arrêter d'espérer un retour de la part des autres, le donnant-donnant, les gens ne connaissent pas. Pour beaucoup trop de gens, c'est "je prends tout ce que je peux et je m'enfuis", instinct animal peut-être? En tous cas, je trouve ce genre de comportement digne d'enfants (mais bien des gens sont des enfants, au final) et je me dis qu'ils ont raté une marche quelque part. Je n'en suis même plus rendue à avoir envie de rejeter les gens, j'ai juste une sorte de pitié vis à vis des gens qui ne savent pas sourire ou se montrer juste humains, repliés sur leur égoïsme stupide et leurs certitudes incapables de tenter autre chose. Je n'ai plus envie ou besoin des autres mais ça veut dire que je n'ai plus rien à perdre, ils ne peuvent presque plus me faire souffrir en disparaissant de ma vie. Je ne suis pas incapable d'aimer mais au final, je vis sans amour et je ne suis pas malheureuse (pas par choix mais par obligation), ça changera quoi de le perdre? Rien, si ce n'est avoir des regrets... Quelque part, aujourd'hui, je n'ai plus rien à perdre. C'est triste mais c'est peut-être ce qui va faire changer les choses.