samedi 16 mai 2015

A l'aide... ou pas!

 
L'autre jour, je trainais sur un forum sur lequel je vais en dilettante et une personne exposait un problème épineux avec une décision très importante à prendre. Comme son souci faisait écho à une phase de ma vie, j'ai relaté mon expérience, ce que j'avais pris comme décision, mon ressenti... Je n'y ai plus repensé et plus tard, je me suis rendu compte qu'une personne jugeait mon propos déplacé en des termes assez violents.
J'ai longuement réfléchi à tout ça après avoir effacé mon message car je me suis dit que cette personne avait sans doute raison quelque part et par souci de ne pas blesser la personne qui cherchait une solution car je n'avais pas le temps de revenir sur son cas (et ne l'ai pas fait car je n'ai nulle affinité avec elle et c'est à elle de prendre la meilleure décision possible). 

  Sur le coup, j'ai eu du mal à digérer parce que je comprenais pas d'où vient une telle agressivité et des mots si blessants de la part d'une autre personne que la personne concernée qui est, au fond, la seule à devoir juger si mes propos sont ou non déplacés. 

  Puis, je suis retournée sur ce forum, j'ai relu quelques sujets et j'ai mis le doigt sur une chose: la majorité des gens cherche à se faire plaindre! Ils veulent qu'on leur dise que ce qu'ils vivent est horrible mais qu'ils vont s'en sortir, qu'on pleure avec eux, et cætera! Ils attendent qu'on les questionne sur leur histoire, qu'on leur dise que ça va s'arranger, que notre cousin Machin ou cousine Machine a vécu exactement pareil et a survécu. Que oui, leur maquillage maison a été mal conservé et qu'ils ont eu une allergie, c'est horrible. Tandis que j'ai toujours dosé scrupuleusement les conservateurs et que les rares fois où j'ai eu un doute sur la conservation d'un produit, je l'ai senti, ai examiné la texture avant de décider ou non de le jeter. Je ne suis pas du tout à cheval sur les dates de péremption, mais au moindre doute, c'est poubelle! Par contre, tant que le produit semble bien visuellement et olfactivement, je l'utilise à mes risques et périls; j'en assume la responsabilité (et je n'ai jamais eu de souci d'ailleurs!). Et c'est ça le souci: je leur dis que j'ai pris une décision et que j'en ai assumé la responsabilité après avoir mûrement pesé le pour et le contre. Mais ils veulent que je leur dise si oui ou non, ils doivent jeter ou utiliser ce produit en particulier et pas un produit cosmétique "du même genre"!

  Moi, quand j'expose un problème, je cherche certes à me libérer d'une émotion en l'exprimant mais surtout des éléments pour nourrir ma réflexion et à savoir comment les autres ont fait concrètement pour s'en sortir, comprendre le mécanisme du problème pour m'en inspirer en prenant des éléments un peu partout et me créer ma solution en prenant note de leurs erreurs et leurs difficultés pour rester vigilante et anticiper, faire des recherches complémentaires. Une situation approchante même de loin m'intéresse car elle contient souvent des éléments qui peuvent me servir de base de réflexion. Je ne donne jamais de recettes en x étapes à respecter scrupuleusement! Je donne des conseils, des éléments de réflexion et bien souvent des "liens externes" (livres, sites internet, blogs...) qui ont servi à nourrir ma réflexion. 

  Je n'ai pas d'exemple précis en tête, mais raconter à quelqu'un comment on a vécu et ce qu'on a mis en place pour faire le deuil d'un ami cher qui a déménagé à propos de questionnements au sujet d'un collègue de travail dont on est très proche au point d'être intime avec mais qui va être muté relève du même mécanisme, pas au même niveau mais les solutions restent les mêmes (à une échelle différente): rester en contact par mail ou sms, se voir quand on passe dans la région reste valable dans les deux cas. S'inviter ou s’appeler se fait plus facilement pour un ami que pour un collègue, on est d'accord.
Mais en fait, les gens attendent qu'on leur dise combien on est triste pour eux; que ce n'est pas grave, ils se verront ou se feront d'autres collègues/ amis. Ils peuvent s'appeler ou s'envoyer des mails. Mais rien, sur les sentiments, la façon de vivre ce deuil, les solutions concrètes à mettre en place (dans les actes ou la façon de voir les choses). Ce n'est pas exactement la même situation donc ce n'est pas valable, transférable! J'ai très mal choisi mon exemple, mais je ne trouve pas de bon exemple.

  Si mon voisin me dit qu'il n'arrive pas à faire pousser des tomates et que moi, j'ai le même souci avec des radis, je vais prendre le temps d'en discuter avec lui car les causes (et les remèdes) peuvent être identiques! Manque d'eau, terre pas assez riche ou aérée, insectes nuisibles, animaux qui viennent manger en douce les plantes du potager... les causes et les solutions peuvent être communes ou pas, mais son expérience peut m'aider à avancer dans ma réflexion ou envisager de nouvelles solutions.
Il n'y a pas à juger que tomates et radis ne sont pas au même niveau, que ça n'a "rien à voir", que le fait qu'il me parle de ses expériences n'est pas approprié! C'est en ayant une vision globale que l'on peut se faire une opinion juste et explorer des pistes auxquelles on n'aurait même pas pensé! 
Malheureusement, la majorité du temps, le dit-voisin voudra juste trouver une oreille compatissante auprès de laquelle se plaindre et rejettera les solutions que je lui propose par envie de partager mon expérience, confronter expériences et idées!

  Je viens seulement de le comprendre alors qu'une fois de plus, on m'a dit que ce que j'ai vécu n'a "rien à voir" alors que je vois le lien qui est évident! Il faut juste prendre la peine de faire un "transfert", se poser la question de l'intérêt des solutions que j'ai mis en place (qui ne sont pas à prendre en intégralité, il faut piocher des éléments de solution) et de réfléchir à la façon d'adapter la solution! Mais ça, je ne vais pas le dire... parce qu'il ne m'est jamais venu à l'idée de donner des solutions clé en main aux gens. Je ne l'ai jamais recherché pour ma part, comment pouvais-je savoir??

  Pourtant, c'est bien expliqué dans mes livres sur la surdouance. Il va vraiment falloir que le zèbre que je suis très certainement se penche enfin sur la question et en parle à un professionnel pour avoir une meilleure compréhension du gouffre entre moi et les autres.