dimanche 28 août 2016

Addiction au sucre, ça va mieux

  J'en ai parlé il y a longtemps (un an et demie), j'ai des addictions: au sucre et une addiction gestuelle, la trichotillomanie qui ont toutes deux les mêmes sources (une difficulté à gérer les émotions et une carence affective née de l'enfance plus des soucis d'estime de soi/ confiance en soi). 

  En traitant la trichotillomanie, j'ai traité pas mal de choses qui avaient les mêmes sources/ conséquences dont l'addiction au sucre et ma façon de gérer mes émotions. Ces trois soucis sont liés. 

  Pour résumer: difficulté à accepter mes émotions = tentative de les gérer/ intellectualiser= échec = addiction alimentaire et gestuelle. J'ai fait un énorme travail de fond ces dernières années pour accepter mes émotions jusqu'à me trouver "comme deux ronds de flan" en me rendant compte que c'est ce qui me rend humaine (ce qui ne veut pas dire que je considère que les animaux n'ont pas d'émotion, mais c'est ce qui me donne des valeurs humaines) et que même si les émotions sont douloureuses, elles sont nécessaires pour justement les laisser s'échapper. J'ai toujours besoin d'intellectualiser mes émotions mais je les accepte comme étant un passage obligé et nécessaire pour m'en libérer, je n'essaie plus de les maîtriser. J'ai tenté un peu la méditation en pleine conscience (qui me convient mieux que la méditation classique qui me fait ricaner parce que cela me semble un tour de force impossible à réaliser, rien de méchant mais pour moi, c'est irréalisable tout simplement. C'est comme si on me dit d'arrêter de penser à plein de choses à la fois ou de faire ce qu'on me demande au travail: penser par étape, l'une après l'autre, j'ai essayé, je n'y arrive pas, je fais de la "soupe" avec mes pensées, je les mélange et je trouve la solution. Je fais pareil au travail parce que je n'arrive pas à faire autrement, même si de l'extérieur, ça fait brouillon et dispersé, source d'erreurs (que je ferais quand même). 
 
  "Le terme méditation (du latin meditatio) désigne une pratique mentale ou spirituelle. Elle consiste souvent en une attention portée sur un certain objet de pensée (méditer un principe philosophique par exemple, dans le but d'en approfondir le sens) ou sur soi (dans le but de pratique méditative afin de réaliser son identité spirituelle). La méditation implique généralement que le pratiquant amène son attention de façon centripète sur un seul point de référence" https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9ditation 
 Quand je dis que ça me fait ricaner, il n'y a pas de jugement de valeur mais cette pratique m'intéresse, j'en ai tant entendu vanter les mérites que j'ai testé, de nombreuses fois sans succès. Sauf que quand on me parle de vider mon esprit et de me concentrer sur une seule chose (ça, je peux le faire) et en gros de ne penser à rien d'autre, ça me semble surréaliste parce que si j'arrive à mettre une chose au premier plan de mon esprit, le fond demeure toujours en mouvement et je reste attentive à l'environnement (les sons notamment). La méditation en pleine conscience m'a apporté un bon début de solution à ce problème, d'autant plus que le principe est d'accueillir les émotions (du moins, tel que j'ai compris le concept). En gros, on regarde ce qui se passe à l'intérieur et on l'accepte sans "jugement", c'est comme ça à l'instant T. 

  Au lieu de gérer mes émotions, je les ai acceptées et je choisis le moment où je les exprime. Genre, dans le cas d'un travail qui m'ennuie profondément mais où je choisis de rester pour tout un tas de raison: je vais contourner le souci en vivant de grandes aventures en imagination et me retenir de soupirer pour exprimer mon ennui et mon mal-être. J'accepte que ça m'ennuie et que je me sente mal tout en assumant mon choix de rester; comme je ne peux pas franchement soupirer ou lever les yeux au ciel au travail, je vais attendre le soir et écouter des chansons tristes/ émouvantes sur le chemin du retour ou ruminer quelques minutes mon mécontentement pour me "vider" de ces émotions puis me faire mon thé et passer à autre chose. Je vais aussi prendre mes responsabilités: je m'ennuie mais je dois rester 7 h tous les jours ou presque à m'ennuyer, je prévois de quoi m'occuper (je vis de grandes aventures dans ma tête ou je me penche sur des sujets philosophiques en attendant que ça passe). J'assume mes émotions mais je dois louvoyer pour des raisons de vie en société. 

  L'autre jour, je suis passée devant un grand magasin de bonbons d'une chaine bien connue et j'ai repensé à une de mes copines du lycée qui y allait souvent. Bref, je suis entrée dans ce temple du sucre, les couleurs, les bonbons différents m'ont moins émerveillée que mon magasin de thé favori qui, lui, ressemble vraiment à un magasin de bonbons! J'ai hésité et finalement, je suis ressortie avec un sachet de bonbons raisonnable (400 g soit deux paquets de bonbons). Certes, j'en ai mangé une bonne part sur le chemin du retour (je rentrais du travail, j'avais besoin de sucre en attendant le repas du soir) mais je n'ai pas fini tout le paquet comme cela aurait pu être le cas avant. 

  Je pense que ça tient déjà à la qualité des bonbons qui étaient moins sucrés au goût que les bonbons de supermarché (est-ce parce qu'ils contiennent plus de vrai sucre (glucose, saccharose) que d'édulcorants (aspartame et compagnie)?) donc on en ressentait plus les arômes (peut-être plus naturels, j'ai pris des caramels qui avaient le goût de caramel et pas le goût de sucre vaguement parfumé au caramel). En rentrant, j'ai mis le reste dans mon pot à bonbons, vide depuis des mois, j'en prenais deux ou trois au goûter et c'est tout. Alors qu'avant, j'aurais mangé l'équivalent d'un demi paquet de 200 grammes. 

  L'intention joue aussi: je voulais me faire un plaisir régressif, un des "trucs" qui font partie des rêves d'enfant que j'ai pu avoir comme bien des enfants, j'imagine (un magasin de bonbons où je peux prendre ce que je veux sans restreindre la quantité). J'ai pris plaisir à cette joie puérile de prendre tout ce qui me faisait envie (en petite quantité car beaucoup de choses me faisaient envie) sans restriction (hormis le fait que j'avais prévu de sortir avec l'équivalent d'un paquet de bonbons de supermarché standard et pas un sachet rempli à ras bord et que les bonbons, soyons honnêtes, c'est cher pour ce que c'est!!). Il n'était pas question de céder à une pulsion pour combler un vide ou une émotion négative; au contraire, je voulais me faire plaisir. Je n'ai pas vu le sucre comme un doudou, un moyen de me faire du mal ou un ennemi, je l'ai vu comme un plaisir à consommer avec modération, au même titre que l'alcool. Je n'ai rien contre un verre de bon vin ou une bière, du cidre mais pour moi, c'est un verre dans un cadre particulier (sortie, repas de famille ou repas crêpe pour le cidre) ce qui somme toute reste assez exceptionnel. Je dois acheter 4 fois par an des bouteilles de boisson alcoolisée et je tourne généralement au jus de fruit quand je sors le soir, même si je ne conduis pas par goût ou habitude, je ne sais pas mais en général, un jus de fraise ou d'abricot m'attirera plus qu'une bière si je vais dans un bar. 

  Hormis les gâteaux du matin et du goûter, et de temps en temps, un produit de confiserie en petite quantité (une barre chocolatée prise à la caisse au lieu d'un paquet par 6 ou 8 de ces mêmes barres chocolatées pris en rayon), c'était mon premier contact avec une grosse quantité de sucre depuis deux bonnes années. Je ne sais pas si le problème de l'addiction au sucre est vraiment réglé mais ce qui est sûr, c'est quand je vais mal, je me fais une grosse théière et au lieu de filer m'acheter un paquet de bonbons (aliment composé de sucre et de gélatine avec des colorants et des arômes pas du tout naturels), je me prends souvent une salade composée (industrielle donc pleine de sel mais de la salade avec du jambon et du fromage reste plus sain qu'un paquet de bonbons!). 

  En résumé, je m'étais mis dans la tête que j'allais devoir faire comme les alcooliques à qui on dit bien qu'une goutte d'alcool peut les faire replonger dans cette maladie (du moins, c'est ce que j'ai appris en IFSI), l'alcool devenant un aliment interdit et oui, j'avais peur de "replonger" face à un choc émotionnel même si j'ai bien compris, intégré et mis en pratique avec succès que "quand ça va mal,  fais toi du bien, ça ira mieux que de te faire du mal" (donc "fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d'y rester" (proverbe Indien que je trouve très vrai, un simple massage ou savourer pleinement une tasse de thé (oui, j'aime le thé!!) quand ça va mal est parfois d'une très grande aide si on prend le temps de n'écouter que (ou presque) les sensations corporelles)). 


  Je ne pense pas que je me débarrasserai vraiment un jour de mon addiction au sucre, comme la trichotillomanie/ phagie, ce "déréglement" alimentaire fera toujours partie de moi, il restera un risque à courir. Mais ça fait une bonne année que je ne me considère plus comme "malade", je me vois comme sevrée mais je n'avais jamais été vraiment mise face au problème (parce que j'achète assez rarement des bonbons somme toute et que les gâteaux que j'achète sont "rationnés" (à cause de budgets serrés, j'ai pris l'habitude de faire mes courses à la semaine donc je prends 14 portions de gâteaux qui me feront la semaine sauf exception. C'est devenu une habitude globalement respectée, je suis grandement aidée par l'ennui que j'ai à faire les courses (pas vraiment à cause des gens mais surtout parce que les rayons sont mal agencés, je sais bien que c'est fait exprès de mettre les produits vraiment importants au fond pour nous donner envie d'acheter des choses que l'on n'avait pas prévu d'acheter, c'est une perte de temps monumentale à l'échelle d'une vie )). 

  Bref, on peut se sortir d'une addiction au sucre grâce à un travail de fond, de la patience et beaucoup, beaucoup d'indulgence vis à vis de soi-même et de ses échecs car chaque échec nous rapproche de la victoire si on sait en tirer profit.