dimanche 27 mars 2016

Piv on?

  J'ai depuis l'année dernière, une question qui restait sans réponse: Qui suis-je? 
Il y a notre personnalité de base, ce que l'éducation, la société ou les gens qu'on rencontre et les évènements font de nous. Mais quand on a des parents toxiques, il est très dur de construire son identité qui est CONSTAMMENT remise en cause, effritée si elle dévie du chemin tracé par les parents. C'est à l'adolescence qu'on s'écarte le plus de ce chemin pour devenir adulte mais moi, je n'ai pas pu. Un parent toxique "monnaye" son amour: si tu fais des choses que je n'ai pas prévues pour toi, c'est que tu ne m'aimes pas donc je ne t'aimerai plus. Je simplifie à outrance, mais c'est le jeu inconscient qui se trame. 

  J'ai beaucoup cherché à définir mes valeurs. Je les ai listées, seule et avec l'aide de listes de défauts et qualités parce qu'on en oublie toujours. Mais plus j'avance, plus cette identité évolue mais en même temps, elle se renforce. 

  Je suis une princesse guerrière, un chevalier des temps modernes, je me retrouve dans les valeurs de la chevalerie et des scouts. Il y a peu, j'ai fait des recherches sur le scoutisme laïc et Chrétien (ça m'aurait plu mais j'ai choisi la danse!), comme ça, comme un cheveu sur la soupe. Maintenant, je comprends mieux le pourquoi du comment: le moment est venu de faire un pas supplémentaire. 

  Il y a peu, j'ai fait des recherches sur la femme Celte (j'ai La femme Celte de Jean MARKALE, je m'attends à un bon gros pavé donc je lis un peu ce que je trouve dessus en attendant de le commencer). Le livre date des années 70, la recherche a dû évoluer. J'ai fait des recherches vite fait mais elles étaient assez indépendantes, gardaient leurs biens en cas de divorce et les géraient durant le mariage, elles pouvaient divorcer de leur propre chef et retourner chez leurs parents avec leurs biens. C'était moderne pour l'époque! Elles se battaient même lors des batailles. 

  "Une femme cachée à l'intérieur de moi, une femme cachée prête à tous les combats" (Une femme cachée, Nolwenn LEROY). Sauf que cette femme pour l'assumer totalement, je vais devoir en payer le prix car ce n'est pas vraiment une femme de son époque, c'est une femme-enfant qui voudrait croire aux fées et aux légendes, proche de la nature, aimant les longues robes "de princesse", féminine, qui rêve souvent qu'elle se bat avec des épées ou des arcs (oui, mes rêves sont agités), animée par les valeurs de la chevalerie, un idéal de justice, une grande sensibilité, une intelligence qui prend des chemins tortueux que les gens ne comprennent pas et qu'elle a assez de tenter d'expliquer, un idéal amical et amoureux très élevé, de la compassion mais un esprit critique très aiguisé. 

  «Le destin fait partie de nous, il suffit d'être assez courageux et rebelle pour s'en rendre compte…» (Rebelle, Disney Pixar). Il suffit, certes mais ce n'est pas si simple... Il faut dérouler le fil jusqu'au bout. 

   Me rapprocher de mon moi profond, sans tenir compte de mon environnement, des autres, des règles (dans une certaine limite quand même), tel sera mon héroïsme quotidien pour cette année, faire sauter mes barrières, exploser mes limites, exploser mon plafond de verre. J'ai l'air effacé, timide mais au fond de moi, il y a un océan tantôt en furie, tantôt calme mais c'est une force brute, une terre vierge, sauvage et indomptée. 

  Martin PAGE  a écrit un chouette livre Quand je serai grand, je serai moi. C'est l'histoire d'une jeune fille dont les parents ont décidé qu'elle serait artiste plus tard, comme ça, un beau jour sans prévenir. Elle n'est pas franchement d'accord mais ils font tout pour "l'aider" à aimer l'art. Je ne m'en souviens pas très bien, je l'ai lu, il y a pas mal de temps mais c'est un peu ma bataille actuelle. Sauf que quand les parents toxiques brouillent notre identité, qu'une demi-zébritude avec un joli faux-self bien gratiné s'ajoute par dessus, on a beau gratter les couches de vernis, les habitudes ancrées depuis des années reprennent vite le dessus prise dans le tourbillon de la vie quotidienne. Et c'est dur de s'assumer quand on n'a pas une vision claire de qui on est, j'ai fait mon éducation seule avec des éléments épars piochés à tous les râteliers. Sauf que cette personnalité est en contradiction avec ma société, mon époque, ma famille, mon entourage, le monde professionnel. Avec une estime de soi fragile, c'est dur d'assumer ça, de voir clair en soi-même. Fort heureusement, j'ai des amis qui m'acceptent comme je suis. Peut-être que je dois me détacher encore plus des autres, au fond, la seule personne que je dois contenter, c'est moi. J'ai toujours été attirée par les identités fortes, les gens atypiques et qui s'assument; or, on est attirés par les gens qui nous ressemblent. C'est beau de se dire "j'assume", je l'ai fait lors de ma dernière crise de conscience qui m'a ramenée vers la zébritude mais au quotidien, c'est plus dur d'autant plus si on n'a personne en miroir, personne à voir ou si peu pour confronter notre image, notre moi, exprimer qui on est, le crier à la face du monde. Je crois que c'est ce qui m'empêche d'avancer actuellement, le manque d'interactions sociales. Mais qu'importe puisque j'avance, je poursuis mon chemin, je remets mes pas dans les traces que j'ai laissées enfant, je suis le fil rouge vers mon vrai moi, multiple, changeant, hétéroclite, une personnalité compliquée, riche très certainement mais difficile à cerner, même pour moi!