jeudi 19 février 2015

Interdiction de se plaindre

  Il y a un comportement que je ne comprendrais jamais: quand j'ai le malheur de me plaindre, je me fais systématiquement envoyer paître. Alors que des gens qui se plaignent tout le temps reçoivent compassion et soutien moral. 

  Est-ce parce que venant de moi, cela semble incongru et déroutant? Qu'ils n'ont pas entré cette option en ce qui me concerne? Parce qu'ayant l'air forte, avoir de la compassion pour moi, casserait leurs certitudes, les ramènerait à leur impuissance et leur ôterait l'espoir de s'en sortir? Ma souffrance est souvent ignorée ou minorée. 
Je suis quelqu'un qui essaie d'être positive, si ça va mal, une fois la douleur atténuée, j'essaie d'aller de l'avant pour qu'elle parte plus vite ou que j'y pense moins. 

  Après, oui, les gens qui "chouinent" m'énervent et m'horripilent (ces gens qui se plaignent systématiquement d'avoir raté un devoir super important pour dire une semaine plus tard, que finalement, ils ont eu une bonne note; ces gens hyper stressés par leurs examens qu'ils réussissent correctement sans trop bosser; ces gens qui dramatisent tous les petits malheurs de leur vie), je les considère comme faits d'une matière molle et je les plains plus de ne pas savoir se prendre en main que des malheurs qui leur arrivent. 

  Je pense qu'ils se disent que je m'en sortirai toujours d'une manière ou d'une autre, que "ça lui passera" parce que je suis quelqu'un de positif qui va de l'avant. Ou c'est de la jalousie car j'ai l'air de prendre les malheurs de ma vie mieux qu'eux. Mais, ce n'est pas une raison, je suis également un être humain qui a ses souffrances et ses moments de faiblesses, j'aimerais aussi avoir droit à un peu de compassion de temps en temps. Même s'il me faudra peu de temps pour rebondir en fixant mes pensées ailleurs et que je profite du présent sans ressasser mes malheurs (du moins, j'essaie). 

  Je me sens incomprise et mise à l'écart, mais je préfère positiver que de me complaire dans mes malheurs. Ce n'est pas une raison pour minimiser mes souffrances et ne pas m'apporter de soutien moral.
Même petite, mes souffrances physiques étaient minimisées: je serre les dents en attendant que ça passe. Pleurer ne réduit pas la douleur, donc à quoi bon? Plus grande, j'ai tenté quelques fois de me faire plaindre par mes parents sans succès. J'ai souvenir d'une piqûre où j'ai fait semblant d'être stressée en espérant une parole de consolation de ma mère qui était présente. Elle m'a rabrouée, alors que ma sœur qui était douillette avait droit à un minimum de soutien. Moi aussi, j'aurais aimé qu'on tienne ma main parfois lors des piqûres ou des prises de sang, même maladroitement et sans amour. 

  De toutes manières, plus ça va, plus je tends vers l'auto-suffisance. Les gens ne me comprennent pas et m'apportent plus de souffrance que de bonheur: des bonheurs éphémères trop tôt fanés qui me laissent le goût amer des regrets pour l'éternité. Alors à quoi bon, s'attacher aux gens ou espérer une main tendue? Mon bonheur ne doit pas dépendre de choses fluctuantes que je ne peux pas maîtriser mais de choses solides, il doit donc dépendre de mon bonheur intérieur et non pas, des autres.