samedi 24 juillet 2010

Sans domicile fixe

                                    Quelle attitude adopter lorsque l'on est réveillé par une personne sans domicile fixe dormant devant sa porte en plein milieu de la nuit?

 Il y a quelques semaines, je me suis trouvé confrontée à cette épineuse question.

 Étonnée par des bruits indéfinissables oscillant entre le bruit d'une personne qui se retourne dans son lit et des gargarismes non identifiables, allié à une odeur de pied persistante dont il était difficile de détecter la nature et l'origine, j'en ai recherché la cause. Je suis donc sortie par derrière pour éviter de réveiller mes voisins; puis après avoir exploré les alentours immédiats de mon habitation et déclaré forfait, je m'en suis retournée par l'autre entrée de mon domicile. Quelle n'a pas été ma surprise de se trouver nez à nez avec un individu hirsute étendu de tout son long sur un morceau de carton dans le hall d'entrée!

 Désemparée et ne sachant que faire (la situation étant inédite), j'ai  fait demi-tour à pas de loup mais ne suis pas parvenue à ne pas réveiller mon voisin improvisé malgré toutes mes précautions. Je lui ai dit de se rendormir en expliquant que j'étais intriguée par les bruits entendus depuis le début de la nuit... Au fait de l'attitude de mes voisins, je lui ai conseillé de partir dès le lendemain matin (je craignais que ceux-ci ne fassent intervenir la police ou se montrent désagréables).

 Néanmoins, tôt le matin, j'ai déposé auprès du vagabond aussi discrètement que possible, un sac contenant le peu que je pouvais lui donner (de l'eau, les quelques victuailles que j'ai pu rassembler dans mes placards (bien vides en cette fin de mois), le fond de mon porte-monnaie, du gel douche et quelques mouchoirs) que j'ai déposé silencieusement (à ce qu'il m'a semblé) auprès du sac de mon voisin improvisé; que j'ai de nouveau tiré de son sommeil par inadvertance (sans doute, un réflexe né de sa situation précaire, ai-je pensé sur le moment) qui m'a remerciée...

 J'ai dû lui expliquer que malheureusement, il lui fallait partir pour ne pas attirer l'attention des voisins (me doutant de leur réaction, ce sont pour la plupart des gens relativement aisés d'un certain âge ou des étudiants nantis par leurs parents; ils étaient bien capables d'appeler la police!).

 Quelle attitude adopter en pareil cas? Je ne sais; entre mon bon coeur et la peur de réveiller mes voisins qui chasseraient le malheureux, mon coeur balance en vue de tenter de trouver un compromis entre l'Amour pour mon prochain et le désir de lui éviter des ennuis prévisibles...