mercredi 17 décembre 2014

Moi, Azenor B. , fille de parents toxiques 2: La famille


Ma famille. Une famille éclatée sur la France entière, un passé dont on ne parle pas. Elle est peu présente. On se voit à noël et l'été, on s'appelle et c'est tout.
  J'ai des cousins de mon âge mais on ne s'entend pas; des grands cousins et des petits cousins. Bref, le néant.

  Quand on voit la famille, mes parents font bonne figure, bien évidemment! Et mettent en avant nos défauts, parlent plus de nos bêtises que de nos réussites, bien évidemment.
Tout ce que nous faisons est systématiquement dénigré: "Vous ne savez pas répondre au téléphone", "Vous ne savez pas répondre aux questions qu'on vous pose."...
On me colle une étiquette comme quoi, je suis renfermée, chétive, petite, maigre.

  De toutes manières, durant longtemps, lorsque nous émettrons une opinion: "Les enfants, vous ne savez pas de quoi vous parlez!"; peut-être mais nous avons une opinion et soif de comprendre la société qui est la nôtre. Une éducation à l'ancienne.

  Nos cousins sont "bizarres", ont une mère qui manque d'autorité et font ce qu'ils veulent. Cruels avec nous, les rencontres finissent souvent avec des camps, des bagarres et... des pleurs donc des punitions.
Concernant les punitions, qu'importe qui est fautif, tout le monde est systématiquement puni.

Les seuls à nous donner de l'amour sont Papi et Mamie, déjà âgés que l'on voyait souvent aux vacances scolaires. Jamais ils ne nous ont dit qu'ils nous aimaient mais nous le lisions dans leurs yeux. Ils nous ont quitté au collège, j'ai énormément souffert de cette perte. Mes parents m'ont dit de ne pas pleurer, car j'étais "grande", j'aurais aimé que cette fois-ci, ils me prennent dans leur bras mais ils ne l'ont jamais fait.
Souvent, même aujourd'hui, je rêve d'eux, je leur parle quand je suis triste, je me souviens de leur odeur, de leur peau, de leur voix, de leur appartement. 

  Aujourd'hui encore, il me manque une partie de mon "histoire familiale", je sais peu de choses de l'histoire de ma famille ou de l'enfance de mes parents. J'en apprends parfois des bribes lors des repas de famille que j'enregistre soigneusement dans ma mémoire et sur un document Word: il y a à peine une page d'anecdotes.

  Les choses n'ont pas changés. Nous avons 25-30 ans aujourd'hui mais les invitations familiales passent toujours par nos parents (malgré une revendication d'être invités personnellement, un mail groupé, ce n'est pas long à envoyer).
Nos oncles et tantes s'intéressent à notre travail, notre vie sentimentale (oh! une seconde, pas plus), mais pas à nous (je m'en rends compte à l'écrire): ils ne posent pas de question sur nos rêves, nos projets, qui nous sommes, rien!