mercredi 17 décembre 2014

Moi, Azenor B. , fille de parents toxiques 5: Le collège

  Le collège pour moi se divise en deux parties: la joie et la souffrance.

  Les deux premières années de collège se passent bien: j'ai des amies, je me sens intégrée, je suis l'aise à l'école.
Je commence à avoir de moins en moins envie de rentrer chez mes parents le soir mais là où je suis, ça ne se fait pas d'inviter des copines à la maison. Il reste la danse.

Mais au moment où les autres commencent à s'ouvrir, je me renferme. Ma mère m'a toujours cassé toutes mes joies et a toujours appuyé où ça fait mal, alors j'ai appris à me maîtriser et à masquer mes sentiments.

Déménagement et changement d'école. Je me retrouve dans une petite ville de campagne où tout le monde se connait. Dès le premier jour, on ne me parle pas hormis "T'es la nouvelle?", on ne me croit pas quand je dis d'où je viens car ça leur semble trop exotique, je passe pour une menteuse.

Bien que les élèves se soient rendu compte que je n'ai pas menti sur ma provenance, le mal est fait. Je suis petite, pas "formée", je n'ai aucune idée de la mode, je ne me maquille pas, ne m'intéresse pas aux garçons, je ne sors pas le we, bref, je suis exclue dès le premier jour de classe.
Par la suite, je vivrais deux ans de calvaire sans amies: on ne me parle pas (je passe parfois des journées sans parler avec quiconque), on me juge mal parce que j'ai des bonnes notes en travaillant et que je réponds aux questions des profs (j'ai vite compris que donner une réponse à une question posée permet de savoir si on a raison et si on a tort de pouvoir comprendre son erreur et donc corriger son raisonnement! Et oui, j'ai pitié d'un professeur qui quête désespérément une réponse qui ne vient pas et ma porte de sortie, c'est un travail et donc bien travailler à l'école!). Je suis celle qu'on prend en dernier en sport (où je suis nulle et qui ne me plaît pas) et qui bouche les tables à la cantine. Celle qui passe ses récrés seule mais qui par fierté attend stoïquement la fin de la récré (je ne prends pas de livre ou autre, je reste fière et je pense à énormément de choses qui me donneront une plus grande maturité ce qui m'exclura plus encore par la suite). Parfois le prof qui surveille la récré vient me parler, je me sens intellectuellement à égalité avec les adultes, je ne suis pas intéressée par les "bécasses" de mon âge qui ne s'intéressent pas au monde qui les entoure.

Je rate quelque chose au niveau de l'apprentissage des relations humaines, une carence qui me suivra toute ma vie: étant isolée, je n’intègre pas certains codes sociaux. Je ne sais pas ce que ça veut dire que de sortir le we ou sortir avec un garçon. D'autant plus que ma puberté est en retard, je n'ai pas de formes donc je suis exclue au milieu de filles plus grandes avec des seins et des fesses qui se développent. Ma mère est tout sauf féminine: elle ne se maquille pas, elle m'a toujours habillée avec des couleurs qui ne me vont pas. Je n’intègre pas les codes sociaux inhérents à mon âge! Et je le paierai cher par la suite, très cher!