vendredi 11 décembre 2020

Journal d'une confinée saison 2 J+39/J+92 : 24 Noël sous couvre-feu Nouvel an en prison

   Je suis restée pendue aux lèvres de notre bien-aimé premier ministre, Jean Castex que j'ai quand même plaint car je n'aurais pas voulu être à sa place. Et il m'est sympathique. Par contre, j'eus préféré que notre actuel président préféré se mouille et vienne en personne annoncer ses décisions. Mais il a moins de tact, je trouve. 

  Bref, comme attendu, nous sommes un peu libérés pour les fêtes avant d'être cadenassés ne nous voilons pas la face. Couvre-feu qui laissera un peu de liberté (sauf si on travaille en journée) et possibilité d'aller dépenser ses sous pour relancer l'économie. Parce que le secteur de la culture peut continuer à s'étouffer joyeusement pendant pas mal de temps, je ne m'étalerais pas sur ce que je pense de la culture française: nous n'avons plus de grands chanteurs, de grands écrivains ou de grands cinéastes, dramaturges, peintres, auteurs de série depuis bien longtemps maintenant donc j'avoue que la culture française, voilà. Mais j'aimerais bien avoir accès à la culture étrangère, du coup. J'y ai peu accès de toutes manières en temps normal hors de mes plateformes de vidéos en ligne, des livres et de la bibliothèque. Je me tiens au courant des sorties cinéma au gré des articles qui passent ici et là, je note mentalement pour plus tard mais y aller est hors de prix. Mais il n'empêche que priver un pays entier de sa culture, c'est dégueulasse et ça fait quand même un peu dictatorial (j'avoue avoir regardé le film 1984 il y a peu et ça m'a frappée) surtout quand on parque les gens chez eux comme du bétail. Les restaurants voilà, ils peuvent continuer à crever la bouche ouverte. 

  En gros, on reste sur le même postulat: tu peux bosser et consommer ton maigre salaire si tu as la chance d'en avoir; les loisirs et les relations sociales, tu oublies. D'ailleurs, il n'a pas été très clair sur le fait de pouvoir voir sa famille, ses amis, son petit ami, il n'a parlé que des fêtes et des vacances (genre des gens peuvent encore s'offrir des vacances). 

  Couvre-feu à 20 h, du coup, les gens se réuniront chez les uns ou les autres et dormiront sur place. C'est super intelligent, je pense qu'ils ont surtout pensé à laisser les gens courir les magasins pour acheter les derniers cadeaux de noël mais bon, du coup, au lieu de rentrer chez eux, les gens s'entasseront dans de petits appartements pas aérés (qui dort la fenêtre ouverte en hiver?). C'est encore une fois, une preuve de leur déconnexion totale de la réalité. 

  L'emploi? Rien. Le chômage? Rien. Un peu de soutien aux chômeurs qui ne sont pas prêts de travailler? Rien. Aux précaires, smicards et autres pauvres? Rien. A l'emploi (si ça existe encore)? Rien.

  Niveau relationnel, on ne sait pas si on peut aller voir sa famille, ses amis, son petit ami. De toutes façons, les couples non mariés ou concubins n'existent pas pour le gouvernement, ils peuvent crever.

  J'avoue avoir pensé plusieurs fois "Dracarys!" durant la conférence de presse, reflet de mon état d'esprit. En cas de reconfinement, ce sera sans moi. Je limite les sorties, je mets mon masque correctement sur mon nez, bien serré mais pour le reste, ce sera niet de chez niet. C'est bon, enterrer les gens vivants, ça va deux minutes; la fête est finie, fin de la récréation. Ce n'est pas par esprit de contestation, j'ai fait des études médicales mais le rapport bénéfices/risques me semble balancer en faveur d'un minimum de vie sociale restreinte, en prenant en compte la santé mentale et le fait que je peux faire tout ce que je peux tant que des abrutis se baladeront masque sous le nez ou le menton, masque visiblement usagé (pour rappel, UN MASQUE CHIRURGICAL, C'EST QUATRE HEURES!!), on n'avancera pas. Je fais hyper attention dès que je sors: masque, lavage des mains avant et après, gel hydroalcoolique mis correctement mais ça ne suffit pas au vu de la proportion de neuneus pas fichus de mettre un masque (oscillant entre 1 sur 10 et 1 sur 5) sachant que je m'écarte au maximum des gens quand c'est possible.

  Je ne supporte pas l'injustice et les punitions collectives depuis toute petite.