mercredi 4 mars 2015

Ma vie chez Pôle Emploi 6 ou Journée d'une chômeuse

7 h, je me lève. Les jours fastes, je me lève parfois à 7h 30, mais c'est le maximum.
Le temps de me faire un rapide petit déjeuner, l'ordinateur est déjà allumé: traitement des mails personnels, lecture de quelques articles ou blogs, un petit tour sur un forum en buvant mon café et c'est parti.
Jusqu'à l'heure du déjeuner, je chasse les offres d'emploi: traitement de ma boîte mail, recherche d'offres sur Pôle emploi et les principaux sites de recherche d'emploi, écriture et envoi des lettres de motivation, recherche des fois qu'il y ai des salons professionnels dans la région.... Dans les périodes optimistes, je passe quelques appels pour des candidatures spontanées, que des rejets donc il faut pouvoir encaisser, parfois j'arrive à avoir l'adresse où envoyer un cv mais c'est rare et je n'ai jamais de retour. J'ai si peu de retours sur mes candidatures spontanées ou suite à des annonces que je commence à me sentir dépréciée: on se moque des gens, on ne prend même pas le temps de leur envoyer un mail type accusant réception de leur candidature.

  Puis commence le long après-midi du chômeur découragé: quelques annonces qui nous conviennent, les relances sont infructueuses et on se fait envoyer "voir ailleurs" de nombreuses fois au point de se sentir moins que rien. On délaisse peu à peu les candidatures spontanées (je les appelle tous les 6 mois depuis que j'ai leur nom dans ma base de données, ils ont toujours refusé mes cv, n'est-ce pas une perte de temps?? Si, mais sait-on jamais?).

Lecture, télé, écriture de blog, mots fléchés, balades tentent de donner un sens à la vie monotone du chômeur.
En milieu d'après-midi, c'est la deuxième fournée de recherche d'emploi (en période où le moral est haut car sinon, c'est une déception supplémentaire...): les annonces parues entretemps, éventuellement des recherches annexes (une nouvelle liste des entreprises qui recrutent dans la région qu'on va appeller par téléphone, un tour sur pôle emploi sur les métiers qui recrutent ce qui peut aiguiller vers des secteurs plus porteurs, tri de la boite mail (qui me sert d'annuaire de mes candidatures: en cas de candidature spontanée, j'essaie d'entrer le nom et le numéro de l'entreprise ainsi que le secteur d'activité pour me constituer une base de données triée par secteur d'activité. Elle me sert de base pour les candidatures spontanées ultérieures). Le tout assaisonné par la lecture de quelques articles en lien avec l'emploi.
Je passe pas mal de temps à mettre à jour les dossiers des agences intérim à chaque fin de contrant; entre les sites qui "rament" et les sites pas très clairs, les formats différents (word ou pdf), ça peut prendre pas mal de temps et causer de l'énervement.

  Une journée est calée de temps en temps pour courir les boites d'intérim: elles ont trop de cv mais notent que nous sommes disponibles. Etrangement, elles rappellent quand je viens de retrouver un contrat et que l'activité est sans doute repartie un peu partout; mais c'est toujours ça!

  N'ayant pas d'argent pour sortir, je vis assez seule sans voir grand monde quand je ne travaille pas, juste ma famille parfois et quelques amis qui vivent loin prennent de mes nouvelles. Pas de travail= pas d'argent et moins le moral= pas de vie sociale en semaine ou les week-ends, c'est bien simple!
Je crois que la principale difficulté, c'est la façon dont le chômeur est perçu. Pour la famille et les amis, on ne fait rien de nos journées (mais tu ne t'ennuies pas? sous-entendu, si tu cherchais vraiment, tu trouverais, hein...); pour la société, nous sommes des parasites à 400 € par mois; pour les recruteurs, nous sommes des "chieurs": on occupe leur précieux temps, il leur faut se débarrasser de nous au plus vite d'un ton rogue ou ils expliquent leur situation en tentant de s'excuser pendant 10 minutes (les artisans le plus souvent, mais c'est rare); parfois une secrétaire nous dit qu'il n'y a pas de poste et nous souhaite bon courage, gentillement et humainement, mais c'est exceptionnel.
Le week-end, j'essaie de faire tourner ma voiture car si ma batterie me lâche, je serai dans une situation difficile pendant longtemps.

  Rejeté de toutes part, survivant avec ses allocations qui rendent tout petit plaisir sujet à des calculs savants pour maintenir le budget, le chômeur doit malgré tout garder le moral, seul dans sa solitude et ses espoirs déçus pour espérer un jour retrouver un emploi.