mardi 28 juillet 2020

Ecrire quand on n'arrive pas à écrire: Pannes d'écriture en plein nanowrimo

  Je suis fatiguée. J'ai cruellement besoin de changer d'air, de vacances. Vacances que je n'ai pas pris l'an dernier. Deux ans sans vacances et sans bouger. Je viens de compter ma cagnotte, j'ai 11 euros 50 centimes de côté. Pas mal, vraiment. Je pensais avoir 5 euros à tout casser à la fin du mois. J'ai noté deux bars qui semblent sympas que je ne connais pas, ça pourra se faire. Surtout que je compte un budget de 5 euros sur ce genre de sortie mais comme je prends soit un cola soit un diabolo soit un monaco, ça fait même moins.  Et il me reste de l'essence. Donc une sortie bar et une sortie pour visiter un coin inconnu avec un achat de sandwich. Le rêve absolu! Si je ne tape pas dans la caisse d'ici la fin du mois. Je me suis fendue d'un achat de bière pour les voisins vu qu'il faut bien partager de temps en temps, en vrai, j'ai pris du Palermo, je limite l'alcool. On tourne entre voisins pour les apéritifs donc si je ne fais pas attention, un verre par-ci par-là, ça fait une grosse "facture alcoolique" à la fin du mois, ni vu ni connu.

  J'ai triché ces derniers jours.
J'ai ressorti des défis d'écriture en attente, j'ai passé des heures à chercher de nouveaux défis. J'ai fouiné dans tous les coins et recoins poussiéreux de mon carnet d'idées pour dénicher des thèmes. J'ai même commencé deux projets de taille moyenne (soit 25 000 à 35 000 mots) qui sont pour l'instant à l'état de premier jet mal dégrossi. L'un est un gros plagiat qui ne demande qu'à être retravaillé mais qui peut être super intéressant si j'arrive à m'y mettre. L'autre est une histoire banale à souhait mais peu importe, j'ai réussi à arracher 5 000 mots dessus. 5 000 mots, le rêve, le Graal quand on est bloqué en plein nano.

  Pourtant, je sens un frémissement. Je sens que le noeud se dénoue doucement, qu'il cède peu à peu. Je compte bien consacrer le mois d'août à boucler mes gros projets au point mort. Je suis décidé à les terminer et les classer, les rajouter dans la pile des trucs finis et dont on ne parle plus. Ce moment exaltant où on met un point final à un projet qui nous a accompagné six mois, un an, deux ans. Parfois plus s'il a traîné, s'il a dû rester en jachère de longs mois le temps de murir, grandir, respirer, se développer dans son coin.

  Aujourd'hui? Aujourd'hui, il me reste 4 jours pour écrire 10 000 mots, c'est énorme mais pas tant que cela, au final. Je sais que je n'aurai pas l'idée géniale que j'ai tant attendue, étant incapable de me consacrer à mes anciens projets, celle qui me donnera le premier jet d'un gros projet. Celle qui nous fait aligner 5 000 ou 10 000 mots pour une histoire qu'on sait devoir grossir jusqu'à faire 50 000 ou 70-80 000 mots au bas mot. Voire qui va gentillement s'étaler sur plusieurs tomes.

  Pourtant, je vois bien que j'ai envie d'écrire, je dévore les livres en ce moment. Je les commence et je les finis aussitôt ou presque. J'ai fait un nouveau ravitaillement à la bibliothèque, je confirme qu'elle n'est pas aussi fournie que je l'ai rêvé. Mais je vis dans une grande ville, j'ai donc accès à plusieurs grosses bibliothèques que je n'ai pas encore visité. Je reste sur la plus proche pour l'instant mais je mesure déjà ses limites. Même s'il y a des emprunts en cours, que c'est l'été, que les gens ont le temps de lire, qu'ils ont emprunté plus de livres parce qu'ils auront du temps pour lire. Mon esprit galope déjà sur le moment où j'irai à l'assaut des autres dont la grande bibliothèque de ma ville qui est bien fournie mais ça fait une trotte de chez moi. Mon inspiration recommence à fureter un peu partout, à soulever les tapis, tâter dans les coins, respirer l'air du temps, elle cherche de la nourriture, des idées, des thèmes, des personnages, des lieux, des faits qu'elle va mâcher, broyer, digérer lentement avant de les amalgamer pour donner autre chose. Je sais comment elle fonctionne mais ça tombe mal. Pas de chance mais peu importe Je ne lâcherai pas, je continuerai à arracher les mots par poignées jusqu'au 31 juillet à 23 h 59. Je continuerai à les vomir sur le clavier, à laisser mes doigts extirper et étaler au grand jour mes pensées les plus intimes.

  Je triche, je compte ce que je ne compte pas d'ordinaire. Je compte mes articles de blog, mes notes sur mon carnet d'écriture, les projets de nouvelles avortés que j'efface après avoir trituré l'idée sur mon traitement de texte quelques minutes (oh, une dizaine de mots écrits, étirés pour arriver à une centaine de mots, une dizaine de lignes que j'efface parce que non, ce n'est pas ça, ce n'est pas bon, ça ne donnera rien, je jette et je regarde ma page blanche dans le blanc des yeux), les mots manuscrits de mon journal intime. Comme souvent, je tente des défis d'écriture, je ressors les sujets bateau de concours d'écriture auxquels je n'enverrai pas mes textes parce que le sujet est bateau, qu'ils ne se sont pas foulés donc pourquoi je fournirai des efforts vu que le sujet bien bateau à croire qu'ils ont ouvert un dictionnaire, pris cinq mots ou une citation et pouf, on fait un sujet, histoire de dire. Et que je ne vois pas pourquoi je me décarcasserais et me tordrais l'esprit à en extirper quelque chose d'original alors que les organisateurs n'ont pas fait d'efforts. Je me concentre sur les thèmes intéressants et travaillés quand je pense à aller fouiner un peu pour voir ce qui est proposé.

  Je musarde un peu, beaucoup, passionément, à la folie. Je cherche des prénoms originaux, des lieux, des thèmes pour passer le temps, le nez au vent le temps que ma muse retrouve l'envie de venir toquer à ma porte en me hurlant, "j'ai une idée. Maintenant." et tant pis s'il est quatre heures du matin et que je dois me lever à six heures pour aller travailler. Je voudrais boucher mon nanowrimo, me dire que c'est fait, j'ai réussi. Ouf, ça c'est bouclé. Puis partir en vacances, l'esprit libre en me disant que "ça c'est fait" pour me jeter à corps perdu dans mes gros projets en attente au mois d'août. Et mettre au bout de ces gros projets les trucs commencés ce mois-ci à traiter une fois que les "vieux trucs" seront bouclés, publiés et classés.

  Qui a dit qu'écrire est facile? Qu'être écrivain n'est pas un métier? Que ce n'est pas du travail? Bien sûr que c'est un travail. Mal ou pas rémunéré comme tout travail artistique. Il faut écrire, noter des idées, corriger, gérer les publications, retravailler ses textes. Ca épuise le corps, l'esprit, l'inspiration quand on est sur plusieurs fronts depuis des mois voire des années. Vient un moment où on a vidé son esprit et son corps. Plus d'idées, la source est tarie, asséchée et il faut attendre que le bassin de la fontaine se remplisse pour aller y puiser des mots, des idées, des nouvelles ou des romans.

  Bref, ça tombe mal, ce nanowrimo est particulièrement difficile. A cause du confinement, du manque de sorties, de rencontres mais je me battrai jusqu'à la fin. Jusqu'à la dernière heure.