dimanche 19 juillet 2020

Zebritude et normo-pensants Ne plus s'expliquer

  J'avais une sortie OVS cet après-midi et je ne sais plus comment, j'en suis venue à devoir expliquer que j'étais zèbre et différente et blablabla. Comment souvent, comme toutes ces fois où j'ai expliqué être "bizarre" parce que hypersensible/zèbre/parents toxiques/pervers narcissique. Par chance, l'un d'eux me semblait un bon gros zèbre qui s'ignore qui a dit que du coup, il comprenait et l'autre n'a pas insisté. Mais j'en ai marre des étiquettes.

  Les étiquettes, c'est bien, ça aide à se mettre dans des cases et à se définir, mettre de mots sur des "syndrômes" ( soit ensemble de "symptômes"). Et à se faire un peu comprendre. Mais le problème quand on met des gens dans des boîtes, c'est qu'ils débordent de tous les côtés.

  Je ne demande pas aux gens pourquoi ils sont comme ils sont. Je les prends comme ils sont et si une chose ne me plaît pas, on discute, je cherche à comprendre. Sans juger tant qu'on ne m'a pas fait de mal, bien sûr. Mais le souci, c'est que les normo-pensants insistent et que c'est souvent.

  Je me suis justifiée d'être moi. Parce que je dois souvent mettre des limites avec mes parents toxiques et me justifier. Ils essaient de m'inviter depuis plusieurs semaines, or j'avais prévu des choses et ils font exprès de m'inviter au dernier moment, les jours où je suis prise. Alors qu'ils savent quand je suis prise.

  En revisionnant le film de l'après-midi, je me rends compte que l'un des garçons s'est justifié d'être différent. J'ai agi par mimétisme. Oui, mimétisme, le réflexe social par excellence. Peut-être un réflexe venu de la préhistoire... Peut-être que j'ai franchi une nouvelle grosse étape en matière de confiance en moi, en fait. M'en "ficher" des autres. D'un autre côté, je sais que je fais peur aux gens normaux. Je le sais, je le lis dans leurs yeux, l'incompréhension la plus totale et certains me l'ont dit (souvent). Le problème avec ce qu'on ne comprend pas, c'est que ça fait peur. C'est un réflexe humain inconscient. Et que ce qui fait peur suscite le rejet (ceci explique cela).

  Mais surdoué, ça fait peur, ça fait extraterrestre même si c'est comme ça que je le sens. D'ailleurs, c'est drôle mais la majorité de mes personnages se sent comme ça, décalés, pas à leur place pour tout un tas de raison. Un moyen d'exorciser, j'imagine. D'ailleurs, je leur choisis toujours des prénoms à la noix (pour rester polie) pour marquer leur singularité des fois qu'ils soient "normaux" selon la norme des gens normaux (pas selon ma norme, donc).

  J'ai cherché sur internet et j'aime bien le terme "Atypique". J'avais failli dire "Unique" cet après-midi parce que cela me semblait le terme approprié mais je me suis dit que cela aurait été pire, en fait, j'aurais dû fournir encore plus d'explications. Alors que durant une fraction de secondes, je m'étais dit que tout le monde est unique donc pas d'explications à donner.

"Je suis atypique." Point à la ligne, il n'y a rien à dire, tu te débrouilles avec ça. Je trouve que c'est le terme juste: ce n'est pas un mensonge, il n'est pas précis donc pas étiqueté "tête d'ampoule" et il veut un peu dire "je t'emm... et tu fais avec". Après tout c'est ce que je fais avec les gens. Ils me déçoivent très très souvent mais j'estime que c'est mon problème. Les relations humaines me frustrent presque toujours parce qu'elles ne me nourrissent ni intellectuellement (mais il y a les livres et les documentaires) ni émotionnellement (mais il y a les livres, l'écriture et les films) ni socialement (mais il reste les rencontres entre zèbres et les fora de zèbres). C'est ce que je fais avec un voisin que je vois souvent; niveau conversation, ce n'est pas trop ça, voire pas du tout mais on regarde des films ou on écoute de la musique autour d'un thé ou d'un apéritif et je ne lui en demande pas plus. Parce qu'il ne peut pas me donner plus.

  Bref, je suis comme je suis et j'en ai marre de tenter de vous expliquer que je suis un extraterrestre plus terrestre que vous le ne pensez.