lundi 20 juillet 2020

Haro sur les conversations banales

  J'ai repensé à l'après-midi d'hier et j'ai compris que ça ne sert à rien d'essayer de m'entendre avec les gens normaux. Ils se réfugient dans des conversations banales (small talks comme on dit) comme pour garder l'autre à distance. Moi, je les considère comme des phrases d'introduction: "tu fais quoi dans la vie?" en espérant comme réponse "je suis METIER, j'habite à VILLE et sinon PASSIONS, PROJETS, TRUCS QUI ME FONT VIBRER ET D'AILLEURS EN PARLANT DE CA BLABLABLA" Je cherche le contact et eux le fuient. C'est pour ça que ça ne marchera jamais avec les gens normaux. Le seul truc qui marchera avec les normopensants (qui n'est pas un gros mot dans ma bouche, il n'y a aucun jugement de valeur. De toutes manières, j'ai beau me plaindre des gens normaux, je sais que le problème vient de moi; la masse a toujours raison...), ce sera de trouver des gens qui ont les mêmes passions que moi et en parler; je serais un peu frustrée mais ce sera supportable d'autant qu'il y a toujours des "passions croisées". Un écrivain ou gribouilleur de mots aimera presque toujours les livres. Un fan de films ne dédaignera pas les séries et souvent, ils ont une appétence pour les livres. C'est là qu'on pourra se croiser et un peu élargir sur d'autres centres d'intérêts qui me permettront d'apprendre des choses.

  Bien sûr, il y aura le saint Graal des gens normaux: psy de tout poils, philosophes, scientifiques en général, très gros lecteurs qui mangent les pages les unes après les autres qui sont souvent assez généralistes et s'intéressent à tout un tas de domaines.

  Je suis lucide, on sort de confinement, le retour des sorties a été timide et ça commence tout juste à repartir. Le problème, c'est qu'une après-midi entière où ça ne suit pas sur le plan de la conversation, c'est très très long mine de rien. Donc je dois continuer à privilégier les sorties où on fait quelque chose en commun (ou chacun de son côté d'ailleurs) en parlant de tout et rien. Ca permet de m'occuper et d'éviter que mon cerveau ne "parte" chercher à se nourrir ailleurs par tous les moyens possibles (rêveries, se chanter des chansons, revoir des films).
 
Mais ne pas être nourri intellectuellement est une torture mentale. Pour moi. Moi qui fait toujours plusieurs choses en même temps. Et ça vient vite; je pense qu'au bout de cinq minutes, je commence à broyer des pensées vides. J'imagine l'épuisement que ça doit être pour les gens de se retrouver face à des gens en demande comme moi. Je le vois bien au travail, quand je ne peux pas être autonome et que mon travail dépend de quelqu'un d'autre. Je pars faire ce que j'ai à faire et je reviens peu de temps après, la personne doit chercher quoi me donner, m'expliquer (pas toujours clairement), je pars et pouf, je reviens. Surtout quand je dors mal comme en ce moment, mes barrières "sautent", je n'arrive plus très bien à mettre des barrières.

Après recherche sur internet, la difficulté est de passer du small talk (conversation sans intérêt) au big talk (conversation intéressante) beaucoup plus vite. Quoi que je me suis rendu compte que l' "aura de l'écrivain" marche presque à tous les coups. Ca intéresse l'autre à coup sûr et quand on s'est dévoilé, ils ont plus tendance à se dévoiler à leur tour.

Un été à décrypter les autres, ça se tente...