vendredi 3 avril 2015

Ma vie chez Pôle Emploi 7: Quand on ne peut plus se contenter de survivre

  Aujourd'hui, j'en suis rendue au point où je n'en peux plus de ne pas vivre. A cause du manque d'argent tout simplement! Je voudrais juste vivre comme les autres sans compter sans cesse, parfois je craque sur quelque chose qui me fait plaisir sans songer au découvert qui se creuse. De toutes manières, comparé à un rendez-vous d'une demie-heure chez le psy à 40 € pas forcément remboursé totalement, on relativise rapidement.  Personne ne pense à moi, alors oui, j'ai besoin de me faire plaisir et surtout de ne pas m'isoler par rapport aux autres en refusant toute dépense et du coup, en ne participant pas à plein de choses. 

  Mais la vraie différence est psychique; on dit que le manque appelle le manque et ma foi, c'est vrai. Plus on se prive, plus on se sent "puni" en quelque sorte par nous-même. Et malheureusement, dans une société de consommation, même si plein de choses restent gratuites, ne pas pouvoir acheter des biens ou des services nous met vite à part car on ne peut pas aller au restaurant, sortir, remplacer des talons défectueux...

  Je crois que le chômage est une profonde blessure narcissique car on se sent hors de la société et les recruteurs ne sont pas toujours très humains (répondre à une candidature ou dire gentillement qu'il n'y a pas de postes, ça change beaucoup de choses pour la personne qui a postulé). Alors parfois, tant pis, on se fait plaisir même si le budget fait la tête, même si on va mettre du temps à rattraper tout ça.
Il ne faut pas culpabiliser de faire craquer son budget de temps à autre (si on reste dans la limite du raisonnable), même si on met plusieurs mois à éponger son déficit. Il faut continuer à vivre malgré les difficultés et à se faire plaisir, sans se rajouter une double peine. Il est à mon sens important de tenter de vivre normalement: on n'est pas seulement un chômeur, on est avant tout une personne.