vendredi 8 mai 2020

Journal d'une confinée 16 J+52 Garder le moral

  Je suis étonnée d'avoir autant de lecteurs de mes passionnantes aventures. Je veux juste garder une trace de cette période particulière, rien de plus, je le fais pour moi et je pense que je vais bien souvent sourire en me relisant, un jour, qui sait? Mais comme je dis souvent, si ça vous fait plaisir, ça me fait plaisir.

  Malgré des bas tout à fait normaux qui amènent d'ailleurs souvent à publier un billet pour me vider avant que ça n'aille mieux, globalement, ça va. Chose que mes voisins (personnes que je côtoie le plus que ce soit en se croisant pour aller faire les courses, ramasser le courrier ou partager des choses à bonne distance) ne comprennent pas. Et le fait que je n'ai...pas le temps.

  J'ai de nombreuses activités, j'ai dû le dire ici et là. Les journées ne font que 24 heures et il faut dormir (en bien ou en mal, éternel débat que je n'ai jamais tranché, rêver, c'est cool mais sinon, hormis reposer le corps, c'est une perte de temps). Mes journées sont organisées de manière "militaire mais souple" selon le temps disponible. Disons que chaque matin, selon l'heure à laquelle je me lève la phase de la lune, l'âge du capitaine, la couleur du cheval blanc d'Henri IV et mon horoscope, j'évalue le temps qu'il me reste pour ne pas me coucher trop tard.

  En gros, ma journée se découpe entre:
- les activités artistiques: lecture, écriture, musique, danse hebdomadaire
- les corvées: ménage, rangement, vaisselle, administratif, couture enfin des fois, recherche d'emploi, pilates
- les loisirs: danse (une fois par semaine), escrime en solitaire (10 minutes à tout casser), mes rituels yoga/pilates du matin et du soir
- l'utilitaire: développement personnel (soit feuilleter un livre, regarder une video au hasard ou pour traiter un questionnement + regarder un film ou un documentaire pour faire entrer du rêve), études des langues.
Si je fais tout normalement, sans pression, en cumulant (j'écris généralement en regardant un film soit déjà vu, soit en faisant des retours en arrière de temps en temps), j'en ai pour 11 heures durant les grosses journées (avec les trucs hebdomadaires que j'étale sur la semaine) et en vitesse de croisière, 5 h environ sur le papier. Souvent, c'est largement divisé par deux voire trois car je vois large pour ne pas être prise au dépourvu. En cas de manque de temps, je supprime, reporte, cumule les activités ou y consacre moins de temps (sauf pour les langues, tout peut se compresser très très largement).
Ma journée est donc de base, structurée et bien remplie de choses plutôt positives. Je préfère vivre mes rêves un pas à la fois que de rêver toute ma vie que je les vis en attendant le bon moment pour m'y mettre.

  Tout ça pour dire que j'ai du mal à comprendre les réflexions du genre "tu n'as jamais le temps" "je ne sais pas comment tu fais, je m'ennuie à passer de ma télévision à mon livre et rebelotte" "je pète un plomb de ne pas quitter le quartier et voir toujours les mêmes choses". C'est simple, je n'ai pas beaucoup de temps pour m'ennuyer (mais dans ce cas, les services de streaming légal/VOD/jenesaispascommentçasappelle sont là justement pour ça).

  Oui, on ne peut pas sortir, c'est vrai. Mais en temps normal, on sort pour quoi quand on travaille? Les courses, l'administratif? Voir la famille, les amis, sortir durant le week-end ou se promener, les loisirs, faire des rencontres? Sauf que ce sont des choses qui ne sont pas possibles en ce moment! (ou à peine). Donc personnellement, j'essaie de mettre ça dans un coin; à quoi bon? Je fais ce que je peux faire et le reste attendra vu qu'il n'y a pas le choix, à quoi bon y penser? J'avoue que le confinement, je l'ai largement anticipé et pensé, ça doit aider. Je me suis dit que j'allais certainement dans pas longtemps me retrouver comme un astronaute dans sa fusée/navette spatiale (oui, c'est l'image qui m'est venu à l'esprit): toute seule sans pouvoir sortir ou à peine. S'ils arrivent à tenir, je dois pouvoir faire pareil ou limiter la casse. De toutes manières, nous n'aurons pas le choix, il faut faire avec et en faire quelque chose de productif. Mon objectif, le jour où on pourra sortir, c'est de me dire que oui, j'ai fait tout ça et me sentir fière de ça sans avoir à courir pour rattraper mon retard. Me dire que j'ai progressé sur certaines choses, été assidue sur d'autres et que je n'ai pas perdu mon temps tout en en profitant pour ne rien faire sans culpabiliser. De mini-vacances enfermées (c'est mieux que de voir ça comme un séjour en prison). Le souci, c'est que mine de rien, il me reste du temps malgré tout. Et que ma consommation de films/séries a bien bien augmenté. Perte de temps? Oui en un sens mais non car je m'accorde des vacances et je ne regarde pas que des films à la noix, il y a pas mal de documentaires/fictions historiques mine de rien, je m'en suis rendu compte. Je pourrais faire les trucs en retard (le raccommodage au hasard) mais tant pis, ça peut attendre encore un peu au point où j'en suis rendue.

  Disons que j'ai, mine de rien, peu de temps pour ruminer ce qui se passe (je ne supporte plus d'en entendre parler, j'ai ma dose surtout que ça tourne en boucle, merci les voisins et la famille) et que je lis des articles d'actualité et un ou deux blogs qui jouent le rôle de catharsis, j'écris ici ou dans mon journal intime, ça me suffit à exorciser tout ça.

  Moins j'ai de temps pour penser à ce qui se passe, mieux je me porte.