dimanche 22 novembre 2020

Journal d'une confinée saison 2 J+22/J+76 : 14 Ras le bol

  Je voulais avoir de la lisibilité sur ce qui nous attend et pour le déconfinement, j'ai trouvé ceci: "D'abord autour du 1er décembre, puis avant les ­congés de fin d'année, puis à partir de janvier 2021." (Gabriel Attal)

 Sachant qu'en gros, "seuls les commerces pourraient donc être concernés par une réouverture le 1er décembre" et les lieux de culte. Donc tu pourras aller dépenser de l'argent que tu n'as pas pour noël, histoire d'aider les petits commerçants sans que ce soit la cohue et prier pour la fin de cette année de m... . 

  Par contre, les collèges et lycées brassant des centaines d'élèves restent ouverts mais on ne peut ni aller voir ses parents, ni son conjoint si on n'est ni marié ni vivant ensemble, ni ses enfants ayant quitté le domicile parental. 

  Ma santé mentale commence à m'inquiéter sérieusement. Que j'ai un ou deux jours sans, où le moral baisse, où je rumine, c'est normal, c'est humain et c'est même tout à fait sain, il faut que ça sorte et ça repart. Parfois, je sors des billets coups de gueule parce que j'explose mais concrètement, si ça dure 15-30 minutes, c'est le maximum, la tension baisse et ça repart. Mais là, ça fait bien quatre jours que je rumine. J'ai des moments où j'ai du mal à respirer, une douleur que je connais bien avec des crises qui restent rares et ne durent que quelques minutes. Mes muscles intercostaux se contractent et j'ai du mal à respirer. Il n'y a pas de raisons à ces crises et je me détends pour que ça passe mais je suis tendue physiquement en ce moment et forcément, mes muscles se tendent. 

  Je souffre de ne pas voir mon petit ami du moment parce que je suis un être humain, j'ai besoin de contacts physiques. Et d'une vie intime, on ne va pas se mentir, c'est un besoin. Mais surtout quelqu'un avec qui rigoler, parler, même si ce n'est pas l'homme de ma vie mais bon, quelqu'un qui soit là. Les voisins, c'est bien mais ce n'est pas pareil. Quelqu'un qui me touche la peau même si c'est juste une main dans le dos mais le gouvernement oublie que nous sommes des animaux sociaux et pas des plantes ou des minéraux. 

  Je comprends bien le souci mais le gouvernement oublie que nous sommes des animaux. Des animaux sociaux et que nous avons besoin de contacts humains pour vivre. Or quand on vit seul, en appartement, on en est privés. Ca ne me dérange pas de mettre un masque pour voir les gens que j'aime mais ne pas les voir en vrai, leur parler est intolérable. On pourrait voir deux personnes qui auraient aussi ce droit (de nous voir nous et une autre personne, pas en même temps bien sûr). En cas de contamination, les chaînes seraient faciles à remonter et contrôler rapidement, il me semble. La période d'incubation étant de 3-5 jours allant jusqu'à 14 jours, sans parler des asymptomatiques, en autorisant les gens à se voir une fois tous les 15 jours, ça resterait vivable en maintenant un confinement strict par ailleurs. Donc un parent et un conjoint avec qui on ne vit pas/un ami

  Je ne connais pas la prévalence du covid en France mais je ne connais personne dans mon entourage qui soit malade et parmi eux, personne ne connait quelqu'un qui soit malade. Vu qu'on fait toujours hyper attention par ailleurs, il est vrai que les risques sont limités. Même lors des déjeuners en famille, quand c'était autorisés: pas de bisous, lavage des mains. Le seul reproche, ça aurait été de ne pas désinfecter les pions des jeux de société. Mais justement, on pourrait permettre une petite ouverture en limitant les risques si on est stricts par ailleurs. Donc exit les mamies qui discutent avec leur fille de joie de masque sous le nez dans les rayons des magasins! Bim, vigile, avertissement puis dehors! Pas de pitié! Alors qu'ils ne disent rien même si on les leur montre, ils haussent les épaules. Le chauffeur de bus qui met son masque (pour commencer, ce serait pas mal) et qui ne repart pas tant qu'il reste un sans-masque ou masque mal mis. Des  agents municipaux et des policiers qui verbalisent les masques mal mis ou les sans-masques (oui, j'en croise à chaque sortie comme des faux sportifs). Bim, 50 € d'amende à chaque fois, ça fait mal au bout d'un moment. Et 50 €, c'est nettement suffisant; imaginez le smicard de base, son budget masque; s'il rajoute une amende, il est KO. 

  Mais des contacts sociaux limités au virtuel, c'est inhumain et cruel. J'aurais au moins appris une chose de ces confinements: la prison, ce n'est pas pour moi et je fais bien de rester dans le droit chemin. 

  Je n'ai pas de réelle solution mais une consultation citoyenne pour chercher des mesures alternatives à notre confinement pourrait s'envisager. Le problème, reste le même: les français ne respectent pas les règles dans leur majorité. Je comprends leur ras le bol et j'ai moi aussi étudié les possibilités de contourner les règles durant un moment d'égarement. De toutes façons, il n'y en a pas. Alors s'ils allègent les choses, il faudra qu'en contrepartie, l'Etat se donne les moyens d'être plus strict pour les faire respecter. Mais ça pourrait être une solution plus acceptable. Et les règles seraient mieux acceptées car plus humaines. J'ai l'impression de vivre comme un chien et j'ai la chance de ne pas travailler et de ne pas être condamée à boulot-courses herbdomadaires-loisirs toute seule-dodo-smic à la fin du mois.