lundi 23 novembre 2020

Journal d'une confinée saison 2 J+23/J+77 : 15 Point de rupture

   Je l'ai dit, j'ai un homme dans ma vie mais on n'a pas trop pu se voir entre les deux confinements. Forcément, on a dû rattraper tout ce qu'on n'a pas pu faire pendant le premier confinement. Bref, on s'envoie des messages mais ça tourne au ridicule au vu de la situation. Parce que si on se revoit avant noël pour être reclaquemurés dès le 2 janvier en exagérant (et encore si le premier de l'an pour fêter la fin de cette année de m... ne saute pas purement et simplement) jusqu'à une date indéterminée (mettons mi février au hasard (merci Disneyland Paris de nous donner de la visibilité et c'est vrai, merci!)), ça sert à quoi de rester ensemble? Franchement? A rien. 

  Alors, on va se séparer à contrecoeur parce que c'est le seul geste d'amour qu'on puisse se donner. Amour au sens chrétien du terme. On n'a pas pu se fréquenter suffisamment pour passer du moment où on apprend à se connaître à une relation amoureuse ou seulement le début d'une relation amoureuse. A cause de leurs confinements brutaux et sauvages. 

  J'ai examiné toutes les solutions pour qu'on se voit mais il n'y en a aucune. Hormis risquer une amende que je ne peux pas payer. 

  Ce monde est fou. Mettre des gens en cage comme cela. Je n'adhère pas aux théories complotistes mais honnêtement, je ne connais personne de près ou de loin qui a eu le COVID ou qui connaît quelqu'un qui l'a eu. Hormis un ami d'un ami enseignant et il n'était pas sûr que c'était ça et il a dû continuer à travailler quand même. Et niveau symptômes, ça a été comme une grippe en gros donc il n'est pas sûr du tout que ce soit ça.

  Se voir avec un masque ne me dérange pas s'il le faut mais là, c'est inhumain de nous parquer dans des immeubles en se disant bonjour entre voisins si on se croise et basta. 

  La vérité, c'est que je suis en train de tomber malade. Mentalement mais ça va mieux de jour en jour et le retour à la normale devrait arriver après-demain, je pense. Mais physiquement. Mon état mental a été mauvais ces derniers jours mais il fallait que ça pète, l'heure de sortie en laisse autorisée très peu pour moi (j'habite en ville donc des rues, des rues et oh, encore des rues, très peu pour moi; c'est plus déprimant qu'autre chose même si le quartier est plutôt sympa avec des maisons, des jardins privés et une proportion appréciable de belles maisons à regarder et de chats à caresser. Bref, pas des tours serrées les unes contre les autres avec des pseudo-pelouses au pied). Alors qu'à 20 minutes de voiture, je peux trouver des chemins de campagne avec pas forcément grand monde. Vingt minutes, ce n'est pas énorme contrairement à ce qu'on peut croire, il me faut 10 minutes pour quitter la ville, 5 minutes sur les routes secondaires pour m'extirper des zones urbanisées/industrielles et traverser les petits bourgs pour arriver dans la nature (champs et bois)). Mais ça nos brillants gouvernants payés une fortune n'y ont pas pensé une seconde. Et encore si ma voiture daigne démarrer. 

  Et niveau loisirs, même si je fais preuve d'inventivité, c'est réduit à la portion congrue. 
- Jeux de société: je pourrais organiser une sortie à deux ou trois avec masque mais c'est interdit. J'ai tenté les sorties virtuelles via les plateformes en ligne, c'est cool, il y a souvent un mini tchat mais c'est limité. Il reste les jeux de société en ligne et ceux auxquels je joue seule.

- Livres: recharger une fois par mois à la bibliothèque est ma seule sortie ou presque et encore, je ne choisis pas les titres. Ma pile à lire personnelle déborde mais je n'y arrive plus ces jours-ci. 

- Cinéma: je le mets en loisirs mais c'est tellement hors de prix que c'est un luxe que je ne peux pas me permettre autant que je le voudrais de toutes manières. Mais flâner au rayon DVD des magasins culturels relève un peu du même tonneau. Il reste les dvd de la bibliothèque que je ne choisis pas, les films offerts en ligne avec l'abonnement de bibliothèque que je choisis mais le catalogue ne se renouvelle pas vite et le nombre est très limité de toutes manières. Du coup, il me reste ma série en cours qui est mon point fixe de la journée où je regarde un épisode sur les plateformes de "streaming payant, vod" ou autre dénomination et un ou deux films selon leur durée/qualité et ce je peux faire en même temps. 

- Tricot, dessin, peinture, coloriage pour adulte, écriture, musique: c'est mort, le confinement m'a coupé l'envie et l'inspiration. Si j'écris beaucoup de billets en ce moment, c'est en grande partie pour remplir mon objectif de nanowrimo, c'est dire à quel point ma vie est triste et mon inspiration coupée. 

  Même en couple/famille sans travailler ou en télétravail, ça doit devenir invivable au bout d'un moment. Au début, ça fait vacances et passé le premier mois, ça passe en mode ronchon. 

  Alors soit le masque est efficace et on le met partout, tout le temps sauf chez soi et pas leurs masques en tissu qui à mon avis sont inefficaces au possible et ce dès trois ans (mon neveu met très bien son masque donc pourquoi pas les autres??) et pas sous le nez et/ou sur le menton sinon c'est amende. Soit ce n'est pas le cas (vu que la situation ne s'améliore pas) et on ajoute des cordes à son arc. 

  Mais pas ça, on n'est pas du bétail! Confiner et séparer les gens, c'est inhumain et digne du Moyen-Âge. Et on fait quoi des gens de 80-90 ans? On les enferme alors que c'est peut-être leur dernière année de vie sur Terre (même si on  ne peut jamais savoir bien sûr)? En quoi c'est humain? Et les autres? Misère sociale, professionnelle, financière, amoureuse, relationnelle, amicale, mentale? Est-ce que ça en vaut vraiment la peine? Si on se contamine en restant à un mètre les uns des autres et en touchant les surfaces, pourquoi ne pas ouvrir cafés et restaurants, mettre des bâches en plastique entre les tables quitte à les élargir artificiellement pour garantir la distance (un rond d'un mètre de diamètre posé dessus) et que les gens prennent rendez-vous à deux (ou trois) maximum? Avec un registre: telle table, tel jour, nom et coordonnées? Avec une collation gratuite? Et deux sorties par semaine autorisées par personne (chacun choisit d'"inviter" deux personnes par semaine (ou deux fois la même) et on peut être "invité" autant qu'on veut). Le tout pris en charge par l'état bien sûr. Ca sauverait le secteur de la restauration et nos relations sociales. Ca coûtera moins cher que des hospitalisations ou des suicides, je vous ferais remarquer. 

  Pourquoi pas un groupe de travail qui plancherait sur la question? Pour trouver des solutions inventives? Même si j'en conviens, c'est plus simple de parquer tout le monde.